Au fait...

Après 413 jours d'errance sur le globe, nous voici de retour à la maison, dans notre bonne vieille France, et la ville la plus belle du monde !

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dimanche 4 juillet 2010

Du 87ème jour au 92ème jour

Bonjour à tous !

Enfin des nouvelles de nous ! Alors que nous nous apprêtons à quitter la fabuleuse Nouvelle Zélande, pour partir en non moins fabuleuse Polynésie Française, nous avons pu avoir une bonne connexion Internet, qui nous permet de poster un nouvel article.

Voici donc le récit de nos derniers jours passés à Pékin...

A bientôt !


24 février 2010 : Pékin


Aujourd'hui, nous décidons de nous reposer un peu de nos nombreuses visites des derniers jours en faisant une grasse matinée, et consacrons le reste de notre journée à l'organisation de notre prochain départ en Mongolie, en étudiant les différentes options qui s'offrent à nous pour y aller, et en revenir. Notre solution préférée est de prendre le transmongolien, qui part de Pékin pour Oulan Bator tous les mardis et jeudis, mais nous envisageons aussi l'avion, moins typique mais plus rapide, ainsi que le train de Pékin jusqu'à la ville d'Erlian, située à frontière chinoise, puis franchissement de la frontière en pseudo taxi, et re-train pour Oulan Bator du côté mongol. Enfin, l'option la moins chère constitue à effectuer le même trajet en car depuis Pékin.


Il nous faut d'abord aller chercher nos visas mongols, ce que nous faisons, et arrivons à l'ambassade à l'heure. Avant de nous donner nos passeports, la guichetière nous demande le reçu de paiement à la banque des frais de visas. Rien ne nous a été dit, il fallait s'acquitter de ces frais avant de venir récupérer les visas. L'employée de l'ambassade doit vraiment avoir une dent contre nous, nous le comprenons lorsqu'elle nous annonce avec un demi sourire qu'il fallait aller à la Bank of China située à côté de la station de métro, et qu'il faut nous dépêcher, puisqu'elle ferme à 17h... je ne polémique pas, et pars en courant jusqu'à la banque, où je règle les frais, j'arrive à 16h55 chez nos amis mongols, et là, surprise, nous parvenons à récupérer nos passeports avec les visas mongols.


Nous repartons de ce quartier que nous commençons malgré nous à bien connaître, et décidons d'aller nous renseigner pour nos billets de transmongolien. Nous allons donc à la gare centrale de Pékin, nous rendons au guichet parlant anglais, où le préposé nous explique que les billets internationaux ne sont vendus que par des agences de voyage. Il nous renvoie vers une agence située dans l'enceinte d'un grand hôtel, à environ 1 km de la gare. Évidemment, lorsque nous y arrivons, l'agence en question est fermée. Nous profitons quand même d'être dans le palace pour monter au dernier étage, et apprécier rapidement la vue sur la ville depuis le restaurant panoramique, avec l'autorisation des aimables serveurs.


Puis nous redescendons, et partons nous renseigner dans une autre agence de voyages, conseillée par notre guide. Ça ne mène à rien, la jeune fille qui nous reçoit se moque un peu de nous et nous propose des prix bien au-delà de nos moyens pour l'avion ou le train en direction d'Oulan Bator. En revanche, aucune information sur les bus.


Nous partons donc et allons dîner dans un bon petit restaurant populaire pékinois, puis, repus, nous rentrons à la guesthouse, où nous prenons contact avec Ocean Travel, une agence de voyage spécialisée dans les trajets vers la Mongolie (dont nous avons eu les coordonnées sur des forums internet), en leur demandant par e-mail des devis correspondants à nos différentes options.

24 février 2010 : Pékin


Le 25 février, n'ayant pas encore de réponse de Ocean Travel, nous partons une nouvelle fois vers la place Tian'anmen, afin de nous rendre à la Cité Interdite. Arrivés sur la place, nous décidons d'aller d'abord visiter le mausolée de Mao, qui ferme ses portes à 12h. Nous y faisons la queue, avant de passer le contrôle de sécurité où des militaires nous demandent nos passeports (pourquoi faire ?). Nous sommes évidemment en règle, mais malheureusement, les sacs et les appareils photo ne sont pas autorisés à l'intérieur du bâtiment. J'essaie de négocier avec les militaires, bien évidemment je me fais rembarrer, et énervé, j'insiste jusqu'à ce que je me fasse presque malmener. Soit, il faut que l'un d'entre nous y entre tandis que l'autre attend dehors. Houda est de toute façon moyennement intéressée, donc je me lance.




Je suis la file indienne qui s'est créée sous les mégaphones des militaires, puis je monte les marches au pas de course, la garde m'intimant de ne pas m'arrêter... je passe une première salle, où trône une immense statue de Mao assis, largement garnie de bouquets et de couronnes de fleurs, puis continue ma course en suivant mes camarades chinois, et pénètre enfin dans la gigantesque salle renfermant le cercueil ouvert du Grand Timonier. Il est toujours interdit de s'arrêter, et je suis donc le chemin tracé, tournant autour du corps embaumé, reposant dans une cage de verre blindé (on ne sait jamais...).


La course ne s'arrête que dans la salle suivante, où l'on peut prendre tout son temps pour acheter toutes sortes d'objet à l'effigie de Mao. Je souffle un peu, essaye de prendre conscience de ce que je viens de voir, pas si impressionnant que ça, en fait. Le visage du Grand Timonier est serein, figé dans la mort, et son corps (assez petit) est emballé dans un drapeau chinois, bien sûr. Tout est fait pour le rendre grand, et le voir fugitivement ne fait qu'accentuer son inaccessibilité. Le culte de la personne est, lui, resté bien vivant.


Je redescends les marches de la sortie, située de l'autre côté du bâtiment, et le contourne afin de retrouver Houda au pied du Monument aux Héros du Peuple, un grand obélisque où sont représentées les grandes étapes de la révolution chinoise. Houda, qui en a profité pour se faire quelques copains chinois qui se prennent en photo avec elle, n'aura pas le temps de rendre hommage au Grand Timonier, les portes du monument se fermant. Après avoir écouté ma description, elle est de toute façon pas plus motivée pour y aller. Nous traversons donc la place Tien'anmen, afin de visiter la Cité Interdite, elle aussi implacablement gardée par des militaires sérieux et un immense portrait d'un Mao tranquille.




Nous passons la porte Tien'anmen (« Porte de la Paix Céleste »), avançons jusqu'au guichet où nous achetons nos billets d'entrée, avant de franchir, en compagnie de nombreux visiteurs, la porte Duanmen (« Porte de la Droiture »), puis l'immense porte Wumen (« Porte du Midi »).




Une fois celle-ci dépassée, nous mesurons la grandeur de l'ensemble de la Cité Interdite qui s'étale devant nos yeux : s'étendant sur plus de 70 hectares, elle fut construite entre 1407 et 1420, et son chantier employa jusqu'à 200.000 ouvriers ! Extrêmement bien réhabilitée, elle reprend l'architecture d'une maison traditionnelle chinoise, mais aux dimensions impériales : il fallait de la place pour montrer la grandeur du souverain, mais également pour y loger ses concubines, les eunuques de la cour, et tout le personnel œuvrant à la bonne marche des lieux.



Même si les salles ne sont pas accessibles, elles sont ouvertes sur l'extérieur, et il nous faut jouer des coudes avec nos excités voisins chinois pour pouvoir admirer les superbes décorations intérieures. Cependant, l'architecture de l'ensemble des bâtiments est en soi impressionnante, et montre dans ses moindres détails tout le faste de la cour impériale.





Nous parcourons à présent une gigantesque esplanade où se dressent 5 ponts de marbre qui enjambent une petite rivière, détournée spécialement pour la construction de la Cité Interdite, et nous arrivons à la porte Taihemen (« Porte de l'Harmonie Suprême »).




Puis c'est une succession de cours et de palais, tous plus magnifiques les uns que les autres : le Palais de l'Harmonie Suprême, le plus imposant du site, où se déroulaient les plus importantes cérémonies de l'Empire, puis le Palais de l'Harmonie du Milieu, où l'Empereur méditait ou priait avant les grandes cérémonies, et le Palais de l'Harmonie Préservée, où étaient organisés les grands banquets, ainsi que les réceptions d'ambassadeurs.






Lorsque nous redescendons les escaliers situés derrière ce dernier palais, nous admirons une magnifique dalle de marbre sculptée, longue de 17 mètres et pesant 250 tonnes. Son acheminement en lui-même a nécessité un véritable chantier, mobilisant 20.000 ouvriers pendant près d'un mois, qui ont fait glisser la dalle sur une piste de glace créée spécialement en hiver !



À partir de là, commence la réelle partie « privative » de la Cité. Nous nous restaurons rapidement dans le snack prévu à cet effet, avant d'entamer la visite du Palais de la Pureté Céleste, le plus ancien édifice du site, qui servit d'appartements à certains empereurs, puis du Palais de l'Union, ancienne salle du Trône de l'Impératrice et enfin du Palais de la Tranquillité Terrestre, richement décoré de meubles anciens, qui fut utilisé comme chambre nuptiale des Empereurs.





Derrière celui-ci, se tient enfin le bout de la Cité Interdite, les jardins impériaux, petits bijoux de jardins à la chinoise, avec leurs superbes arbres pluri-centenaires, leurs petits pavillons tranquilles et leurs étendues d'eau incitant à la relaxation.




En 4 heures de visite, nous n'avons fait que parcourir le site du Sud au Nord, et il nous en reste encore beaucoup à visiter. Nous revenons sur nos pas, obliquons vers l'Ouest pour jeter un rapide coup d'œil sur les palais de l'Ouest, où sont exposés de jolis objets d'époque, en or, en jade, ou en tout matériau précieux travaillé avec finesse, puis, exténués de notre longue marche, nous sortons enfin des lieux par la Porte du Génie Militaire, marquant l'entrée Nord de la Cité Interdite.




Le site est si grandiose, comportant de si nombreux édifices, superbes et imposants, qu'il nous paraît difficile de résumer en quelques lignes ce que nous avons vu. Où que nous posions le regard, c'était un mélange d'harmonie et de puissance qui transpirait à travers les pierres chargées d'histoire, quelque-chose qui se ressent plus qu'il ne se décrit.



Lorsque nous sortons, nous ne manquons pas de nous faire solliciter par les nombreux chauffeurs de pousse-pousse, qui, infatigables, nous proposent de nous faire visiter les hutongs des alentours. Nous esquivons poliment, et, un peu maso, nous entamons une longue marche à travers ces quartiers typiques jusqu'à notre logis.



Arrivés à la guesthouse, nous dînons tout en lisant la réponse de l'agence pour la Mongolie, qui propose des prix exorbitants, et nous décidons donc de nous y rendre, mais demain, après une bonne nuit de sommeil !


26 et 27 février 2010 : Pékin


Le 26, nous partons en direction de DongXingLongLu, où siège dans un building la fameuse Ocean Travel. Nous sommes reçus sympathiquement par l'assistante du patron avec qui nous avons précédemment échangé. Nous discutons de nos différentes options, les billets de train proposés sont excessivement chers, et nous nous penchons donc sur l'avion. Justement, elle nous présente des prix très bas, nous négocions encore un peu pour qu'elle rogne sa marge commerciale, et nous achetons donc les billets d'avion aller retour pour Oulan Bator, à un montant défiant toute concurrence.


La femme échange encore avec son agence partenaire mongole, ça discute et nous comprenons vite qu'il y a un problème. Elle finit par raccrocher, et nous annonce, comme ça, qu'il y a eu un quiproquo, qu'il faut que nous payions 200 € de plus... Nous restons stoïques, demandons de tout annuler, de nous faire rembourser, et nous repartons sous les plates excuses de l'employée, dégoûtés, sans nos billets pour Oulan Bator, et ayant perdu 3 heures pour rien.


En sortant, nous tentons l'expérience de Bruce Lee, une chaîne de restauration rapide Made In China à l'effigie du célèbre spécialiste de kungfu. Houda et moi avons des avis partagés sur le repas : pour moi il constitue une expérience intéressante, à base de soupe, de curry de poulet, du fast-food avec de la nourriture chinoise, quoi. Houda, quant à elle, est un peu écœurée de voir flotter des crêtes de poulet dans la soupe, et de goûter, une fois n'est pas coutume en Chine, à des plats préparés industriellement.


Nous discutons avec Houda de notre trajet vers la capitale mongole, et nous décidons d'improviser un peu : l'objectif est de nous rendre jusqu'à Erlian, puis de voir ce qu'il est possible de faire là bas pour accéder à Oulan Bator. Reste à savoir si nous accédons à la ville frontalière par bus ou par train depuis Pékin, selon ce que nous récupérerons comme informations sur les bus après demain.


Dans l'immédiat, nous rentrons à la guesthouse, préparons notre lessive à donner à la patronne, puis nous dînons dans un petit restaurant tadjike situé à proximité de notre auberge.


Le 27 février, nous déjeunons rapidement à la guesthouse, puis partons en métro visiter le célèbre Palais d'Eté.




Assez excentré du centre de la capitale étouffante, ce site, aujourd'hui classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO, constituait un véritable havre de verdure et de fraîcheur pour les familles impériales lors des canicules estivales. Construit en 1750, sur une surface de près de 300 hectares, puis détruit 2 fois, une première en 1860 par les anglais (Victor Hugo dénoncera la barbarie de ce Lord, digne héritier de son père pilleur du Parthénon d'Athènes) et en 1900 par les troupes anglo-françaises, en représailles à la révolte des Boxers. Difficilement restauré par l'impératrice Cixi, il a récemment fait peau neuve en prévision des Jeux Olympiques.



Le Palais d'Été possède un immense lac artificiel, le lac Kunming, au bord duquel sont situés différents édifices, et sur lequel se trouve une petite île reliée à la rive par le « Pont aux 17 Arches ». Au Nord, la « Colline de la Longévité Millénaire », érigée avec les terres déblayées pour creuser le lac, offre une superbe vue sur le site, et comporte quelques temples qui se visitent en parcourant les chemins serpentant entre les milliers d'arbres situés sur les flancs de la colline.



Lorsque nous arrivons, il nous est difficile d'imaginer le côté agréable du site, vu le froid de canard et les hordes bruyantes de visiteurs qui s'y pressent. Nous admirons le « Palais de la Bienveillance et de la Longévité », situé juste en face de l'entrée, et où l'Impératrice recevait ses ministres. Toit recourbé portant des tuiles bleues vernissées, façades et charpente de bois rouge ornées de frises dorées, l'architecture nous laisse une impression de déjà vu (au Temple du Ciel et à la Cité Interdite).



Nous bifurquons en direction de la colline, nous éloignant du brouhaha permanent, longeons les « Jardins de l'Harmonie Vertueuse », qui abritent une immense salle de théâtre de 30 mètres de haut, puis nous commençons notre petite ascension.



La balade offre un calme étonnant, dans un cadre agréable qui dévoile petit à petit la vue sur le lac. Nous arrivons rapidement au « Pavillon des Fragrances Bouddhiques », qui comporte une pagode de 60 mètres de haut abritant une vieille statue du Bouddha aux mille bras.




Nous apprécions la vue plongeante sur le lac, puis reprenons notre ascension jusqu'au tout proche « Pavillon de la Mer de la Parfaite Sagesse », à la jolie façade recouverte de tuiles vertes et jaunes, et de niches aménagées pour recevoir des effigies de Bouddha. À l'intérieur du pavillon, trône une antique statue d'un Bouddha assis.




Nous contournons le bâtiment, achetons, afin de nous remplir un peu le ventre, des épis de maïs âprement négociés par Houda sous les quolibets moqueurs des marchands ambulants présents, puis nous entamons notre descente vers le lac, en passant par le « Pavillon pour écouter le Chant du Rossignol », ancien théâtre reconverti aujourd'hui en restaurant et salon de thé, puis le superbe « Palais des Nuages Ordonnés ».



Celui-ci, situé sur l'axe central du Palais d'Été, et faisant face au lac, est probablement le bâtiment le plus célèbre du site. Avec son architecture toujours identique, il se démarque des autres édifices par la jolie esplanade de marbre couverte d'une superbe charpente décorée située à l'aplomb du lac, et par de superbes escaliers couverts, menant à l'étage depuis l'arrière du pavillon.



Nous poursuivons notre visite en parcourant la galerie couverte qui relie les différents bâtiments bordant le lac. Très agréable avec ses balustrades en bois et sa charpente décorée, nous apprenons qu'avec ses 750 mètres, elle constitue plus grande galerie couverte au monde.




Nous parvenons au magnifique « Palais de la Joie et de la Longévité », qui servait de résidence à l'Impératrice, puis au « Palais des Vagues de Jade ».




Nous nous reposons un peu devant le lac, avant de franchir le Pont aux 17 Arches, où quelques chinois de tous âges décorent le ciel de leurs cerfs-volants. Sur l'île baptisée simplement « Île du Sud », trône le petit temple du Roi-dragon, à l'intérieur duquel une exposition de photos rappelle l'attachement de l'Impératrice Cixi au site.




Le jour déclinant déjà, et ayant bien fatigué nos jambes, nous repartons vers le métro. Ce soir, nous essayons un restaurant indien, recommandé par notre guide : le Raj, situé dans le quartier des Tours du Tambour et de la Cloche. Il s'agit d'une véritable surprise ; dans un cadre magnifique, nous nous délectons de nos délicieux plats, de la vraie nourriture indienne. Lovés dans nos confortables fauteuils, nous apprécions l'atmosphère sereine qui nous fait voyager, le temps d'une soirée, au pays des maharajahs, puis nous rentrons nous coucher dans notre confortable chambre.



28 février 2010 : Pékin


Aujourd'hui, comme convenu, nous partons à la recherche d'information sur les bus longues distance jusqu'à Erlian. Dit comme ça, a priori cela semble être facile, mais il s'agit en fait d'un véritable parcours du combattant.


Nous avons pourtant mis toutes les chances de notre côté, en nous renseignant auprès du personnel de la guesthouse avant de partir. Nous savons donc qu'il nous faut nous rendre dans une des nombreuses gares routières de la capitale, située au Sud Ouest, au delà du 5ème périphérique. Nous savons comment faire pour y parvenir, métro, puis taxi, le patron de l'auberge nous a même écrit un mot à destination du chauffeur de taxi.


Le trajet nous prend plus d'une heure et demie, mais nous arrivons finalement à la gare, en nous rendant compte vraiment pour la première fois, de l'immensité de la ville. Là encore, à l'immense gare routière, ça pourrait être simple, juste demander les jours, les horaires et les tarifs des bus pour Erlian, mais non, ça ne marche pas comme ça. Au guichet, lorsque nous demandons (en chinois) : « bus – Erlian – Demain – Après demain ou les jours suivants », la seule réponse qu'on obtient est « Meyo », terme largement usité en Chine et qui signifie « Il n'y a pas » ou « Il n'y a plus ».


Pas ou plus, peu importe, nous n'avons pas d'information. Nous allons à l'accueil de la gare, où nous nous trouvons encore confrontés à des « Meyo » en pagaille, et finalement, nous comprenons avec une sympathique policière qui baragouine quelques mots d'anglais, qu'il nous faut aller dans une autre gare routière. Attentionnée, elle nous donne même son plan, en indiquant l'emplacement de cette gare.


Soit, nous reprenons un taxi, arrivons dans une beaucoup plus modeste gare routière, demandons à une première employée, puis à une deuxième, et enfin, nous commençons à avoir quelques informations. Si tout se passe bien, il y a un bus par jour qui part de cette gare, mais nous ne sommes pas sûrs d'avoir de la place, ou même que le bus parte vraiment. Il faut donc appeler le jour du départ, pour s'assurer que le bus est maintenu, puis venir à la gare, sans avoir la certitude de pouvoir quand même partir... sans avoir besoin de nous concerter avec Houda, nous décidons évidemment de partir en train et de laisser tomber l'idée du bus.


Nous sortons de la gare routière pour nous rendre à la plus proche gare ferroviaire. Les chauffeurs de taxi nous voient arriver comme si nos vêtements étaient cousus de fils d'or et qu'en bons « lawaï » (« étranger »), nos portefeuilles étaient remplis de billets de 1.000 $. Nous laissons donc derrière nous les taxis qui nous proposent des courses à 200 yuans pour faire 3 ou 4 kilomètres, et nous prenons un vélo pousse-pousse tracté par un vieux chinois rigolo. À 30 yuans, le prix est quand même beaucoup plus raisonnable, et nous nous payons en plus une bonne petite balade typique, parfois à contresens de la route, notre chauffeur se marrant comme une baleine.


Arrivés à la gare, il est déjà tard, et nous prenons le temps de déjeuner rapidement mais très bien dans un restaurant de raviolis à la vapeur. Nous nous renseignons ensuite à un guichet, mais ce n'est pas le bon, là il s'agit du guichet destiné aux trains en partance entre une et deux semaines plus tard, il nous faut aller à l'autre guichet pour les trains en partance dans la semaine.


Là, le gentil monsieur nous informe que non, il ne peut pas nous vendre de billets de train pour Erlian, puisque le train ne part pas de cette gare, mais de la gare centrale, où là-bas seulement sont vendus ces billets. Nous revoilà donc partis, cette fois-ci en métro, Dieu merci, et nous arrivons à la gare centrale le soir déjà tombé. Nous payons enfin nos billets, départ le 2 mars à 7h47 par le train K23 pour Erlian. Il nous a fallu une journée complète, et nous rentrons, exténués, avec seulement notre moitié de voyage.


Il nous faut un bon poulet sur plaque chauffante pour nous redonner le sourire et le moral, et nous nous endormons avec nos rêves de Mongolie prochaine.


1er mars 2010 : Pékin


Ce matin, nous nous réveillons pour voir qu'il est tombé une belle couche de neige sur Pékin. La cour de la guesthouse est blanche, et les toits des hutongs aux alentours sont superbes. Nous avons décidé d'aller visiter aujourd'hui la fameuse Grande Muraille, à l'endroit le plus accessible de la capitale : Badaling.



Il nous faut prendre un bus au niveau du 2ème périphérique nord, à Deshengmen, qui se trouve à une petite demie heure à pied de notre auberge. Après notre petit déjeuner, nous marchons dans le froid matinal, nos pieds crissant sous la neige.



Lorsque nous arrivons au terminal des bus, nous apprenons qu'ils ne circulent pas en direction de la Grande Muraille à cause de la neige qui bloque les routes. Nous rebroussons donc chemin, en nous disant que nous y irons lorsque nous rentrerons de Mongolie.


Dans l'immédiat, nous marchons tranquillement dans les hutongs, magnifiques sous la neige. Il s'en dégage une étrange atmosphère de sérénité romantique, les bruits étant étouffés, les rues étant presque vides. Nous avons un peu l'impression de revenir au Moyen Âge, dans ces quartiers typiques qui n'ont finalement pas beaucoup changé depuis. Difficile de croire que nous sommes dans la capitale chinoise, habituellement si bruyante et tapageuse !




Notre balade nous mène jusque dans le quartier des tours du Tambour et de la Cloche. Nous décidons de les visiter, mais auparavant, nous déjeunons dans un restaurant typiquement musulman, le Kao Rou Ji, situé à deux pas des Tours. Il s'agit d'un des plus vieux restaurants de la capitale, et nous y mangeons du délicieux riz sauté, entre autres.


Une fois rassasiés, nous entreprenons donc l'ascension de la Tour du Tambour, dont la jolie forme actuelle date du XVème siècle. Nous gravissons l'étroit et raide escalier qui nous mène à l'étage, situé quelque 40 mètres plus haut. Là, sous les regards de 2 militaires étrangement détendus, nous pouvons admirer les 24 tambours qui sont disposés autour de la salle.




En attendant le concert qui doit avoir lieu dans quelques minutes, nous passons dehors, pour contempler la vue époustouflante sur les quartiers des alentours, les magnifiques hutongs, encore plus impressionnants vus d'en haut, et les lacs maintenant gelés.



Nous retournons à l'intérieur de l'étage pour assister au concert, qui en réalité a lieu toutes les 30 minutes ici. 6 jeunes chinois arrivent en costume traditionnels, se placent devant les tambours, et nous livrent un surprenant et vibrant récital, de toute beauté.



Après ce petit quart d'heure musical, nous redescendons les étroites marches pour arriver sur la place qui sépare les 2 tours. Nous nous dirigeons vers la Tour de la Cloche, au pied de laquelle quelques chinois jouent en s'envoyant au pied un volant, jeu particulièrement populaire en Chine. À leur invitation, j'échange quelques passes avec eux, puis nous entamons la montée de l'escalier menant à l'étage de la tour.




En haut de la Tour de la Cloche, de 2 siècles cadette de sa voisine, nous admirons une immense cloche de bronze, qui indiquait auparavant les heures aux habitants. Nous apprenons avec intérêt la légende qui voudrait que la fille d'un artisan de la Cloche, voyant que le métal en fusion ne prenait pas, se serait jetée dans la cuve afin d'assurer la réalisation de l'ouvrage dans les temps, et d'éviter ainsi la décapitation de l'ensemble des ouvriers du chantier, commandité par l'empereur. Grâce ou non à son sacrifice, toujours est-il que la cloche a fini par être réalisée, et le résultat, une immense cloche de plusieurs tonnes de bronze, est particulièrement impressionnant.




Après avoir jeté un coup d'œil sur la belle vue s'offrant ici aussi à nos regards, nous descendons, marchons le long des lacs gelés, puis nous poursuivons notre balade jusqu'à la colline de charbon, située juste au Nord de la Cité Interdite.


Cette colline, de plus de 100 mètres de haut, a été créée à l'aide des déblais issus du creusement des douves de la Cité Interdite et des lacs Qianhai, Houhai et Xihai. Elle n'était auparavant accessible que par l'empereur, et, située parfaitement dans l'axe central de la capitale, elle devait protéger la Cité Interdite des mauvais esprits venus du Nord.


Après avoir acquitté la somme modique de 5 yuans chacun, nous grimpons le long d'un très agréable sentier, qui nous mène à de petits pavillons parés, évidemment, comme tous les bâtiments destinés à la famille impériale, de décorations représentant des animaux mythiques.



Lorsque nous arrivons au sommet de la colline, nous pouvons apprécier la vue grandiose qui s'offre à nos regards : la Cité Interdite, immense et majestueuse, s'étale devant nous, semblant si calme et endormie sous la neige, loin de l'agitation des visiteurs qui la prenne quotidiennement d'assaut.




Après avoir rigolé un peu avec un groupe de jeunes qui sont venus eux aussi se prendre en photo ici, nous descendons le chemin, en compagnie d'une famille dont le père me racontera dans un parfait anglais que son fils est parti étudier en France. Nous jetons un coup d'œil intéressé aux photos exposées devant l'entrée de la colline, qui montrent les festivités à la gloire du Parti, organisées sur la place Tien'anmen lors du cinquantenaire de la création de la République de Chine, puis nous rentrons dans le froid de la nuit tombante jusqu'à notre guesthouse.



Nous bouclons nos sacs, en prévision de notre départ de demain, nous laissons une bonne partie de nos bagages à l'auberge, où nous devons revenir après notre séjour mongol, puis dînons une dernière fois en compagnie des sympathiques patrons.