Au fait...

Après 413 jours d'errance sur le globe, nous voici de retour à la maison, dans notre bonne vieille France, et la ville la plus belle du monde !

Où sommes-nous ?


Afficher Où sommes-nous ? sur une carte plus grande

mardi 19 janvier 2010

Du 37ème jour au 43ème jour

Bonjour à tous ! Vous l’avez remarqué, j’ai pris beaucoup de retard sur la rédaction du blog, mais je vais maintenant essayer de me rattraper. Voici donc, pour le moment, le récit de la deuxième et dernière partie de mon voyage au Tibet.


7 janvier 2010 : Lhassa

Le matin du 7 janvier, je me lève vers 9h, et descend rejoindre le groupe pour le petit déjeuner. Notre guide vient nous chercher une demi-heure plus tard. Aujourd’hui plus de 4x4, mais un minibus qui nous amènera aux monastères de Drepung et Sera, situés dans les environs de Lhassa.

Le monastère de Drepung, que nous visitons donc le matin, est immense (c’est le plus grand complexe monastique du Tibet), et bien conservé. Il a été fondé en 1415 par Jamyang Chöje, un des 2 principaux disciples de Tsongkhapa, le fondateur de la secte Guelugpa (les bonnets jaunes), dont sont issus les dalaï-lamas et les panchen lamas, et qui aujourd’hui est la plus puissante école monastique du Tibet.

Bref, le monastère de Drepung est devenu le centre de la vie politique et religieuse rapidement après sa construction, lorsque son abbé fut désigné 2ème dalaï-lama, et fut le siège des Guelugpa jusqu’au 5ème dalaï-lama, qui fit transféra le pouvoir tibétain dans le palais du Potala.



Lors de la visite, je suis témoin une nouvelle fois de la ferveur du peuple tibétain : de nombreux paysans descendent de leurs villages de montagne (parfois de l’autre bout du Tibet) et se rendent ici en famille, donner de l’argent en offrande et du beurre de yak qui alimente les fameuses bougies…



Nous visitons plusieurs bâtiments, riches en vieux thangka (des peintures religieuses) et en statues de divinités, puis les monumentales cuisines du monastère, restées identiques depuis la création de Drepung. Malheureusement, les photos sont interdites…

A l’intérieur du Tsomchen, le plus grand bâtiment du monastère, dans lequel se réunissent les moines, j’ai la chance d’assister à une cérémonie…

Les moines s’installent par ordre d’importance (les moines sont classés par niveau, chaque niveau s’acquérant au bout d’un examen sanctionnant 3 ans d’études) sur les bancs recouverts de coussins, puis des moinillons accourent des cuisines pour servir à leurs ainés du thé.



Puis j’assiste médusé aux psalmodies des moines, un moment envoûtant et intense, durant lequel j’écoute les voix monocordes chantonner des prières. Je me laisse tenter, et paye les 20 yuans pour avoir le droit de photographier et filmer cet incomparable moment.



Les fidèles rentrent ensuite à l’intérieur du Tsomchen pour donner des offrandes directement aux moines, et recevoir une khata, l’écharpe de soie blanche, signe de bénédiction.

Je sors du bâtiment, puis je rejoins le groupe, et nous nous dirigeons vers la sortie du monastère, où notre minibus nous attend. Nous retournons à Lhassa, où nous mangeons dans un petit restaurant sympathique, puis nous reprenons notre véhicule, en direction du monastère de Sera.

Sera a été construit à la même période que Drepung par un autre disciple de Tsongkhapa, et c’est également un des principaux monastères des Guelugpa.

Si autrefois il pouvait accueillir 5000 moines, ils ne sont plus que 500 aujourd’hui, triés sur le volet par les autorités chinoises. Il a été détruit en grande partie lors de la Révolution Culturelle, mais est aujourd’hui reconstruit.



Le monastère a souvent été le point de départ de révoltes anti chinoises, ce qui explique peut-être la présence de militaires à l’entrée, qui étudient scrupuleusement nos permis avant de nous laisser pénétrer dans l’enceinte du site. De nombreuses parties du monastère sont également fermées au public.

Néanmoins, nous pouvons accéder à quelques chapelles, dont la plus adorée (une bonne vingtaine de minutes de queue, que nous esquivons, privilège de groupe !), celle du protecteur Tamdrin, divinité à tête de cheval censée apporter la bonne santé à ses fidèles.



A l’intérieur, je suis le rituel des tibétains, en tournant autour de l’autel, et me retrouve devant Tamdrin lui-même, aux pieds duquel un moine m’invite à m’agenouiller. Un autre moine farceur m’appose un petit point de suie sur le bout du nez, tradition normalement réservée aux enfants…

Enfin, nous quittons Sera, ses moines farceurs et ses fidèles, puis reprenons la direction de notre hôtel, où après un bon petit repas avec le groupe, je m’endormirai, les effluves de beurre de yak emplissant encore mes narines.


8 janvier 2010 : Lhassa

Aujourd’hui, c’est LA journée, la dernière avec le groupe et notre sympathique guide tibétain. Au programme, visite des 2 plus importants édifices du Tibet : le célèbre palais du Potala d’abord, puis le temple du Jokhang.

Le matin, notre guide vient donc nous chercher à l’hôtel, puis nous prenons le minibus pour nous rendre au palais du Potala.



Le Potala, tout le monde connaît, au moins en photo, c’est l’image traditionnelle du Tibet. Il faut dire que le palais est absolument fabuleux, un immense édifice perché en haut d’une colline. On ne peut pas le rater !



Le Potala, c’est plus de 1000 pièces, dont la quasi-totalité sont vides, ce sont 13 étages, une façade de près de 120 mètres de haut, et une construction s’étalant sur presque 50 ans ! Ces impressionnantes caractéristiques en ont fait le symbole de la puissance du peuple tibétain, à son apogée au XVIIème siècle.



A la base, le roi Songtsen Gampo fit bâtir son palais sur la colline à la fin du VIIème siècle. Ça n’avait rien d’un Potala, plutôt un modeste lieu pour le premier roi historique. En 1645, le 5ème dalaï-lama décide d’y faire construire un palais plus important que Drepung, où siège la cour depuis le XVème siècle, au cas où vous n’auriez pas suivi. Et ainsi naquit le palais du Potala, siège des dalaï-lamas depuis lors.

Aujourd’hui, le dalaï-lama actuel étant en exil en Inde, le palais ressemble plutôt à un vaste musée, devant lequel les chinois n’ont pas pu s’empêcher de construire une immense esplanade (encore !), et au sommet duquel s’élève fièrement le drapeau national.



Ici encore, des milliers de pèlerins affluent pour se prosterner face au monument, et parcourir les différents mausolées et chapelles.

Architecturalement parlant, le Potala se divise en 2 parties, le palais rouge, qui concentre la partie religieuse, et le palais blanc, plutôt consacrée à l’administration, les logements… ces deux zones se distinguent clairement sur la façade.

Une fois la billetterie et le contrôle de sécurité passés, nous nous retrouvons dans l’enceinte d’une sorte de petit village tibétain, quelque peu vide, puis nous entamons l’ascension des escaliers qui longent la façade du palais. Peu à peu, la vue sur Lhassa s’offre à nous.



Nous arrivons enfin devant l’entrée de la partie rouge, où nous nous reposons de la montée avec quelques familles tibétaines. Puis c’est une grande cour, et nous gravissons les dernières marches qui nous amènent à la (petite) partie visitable… et interdite aux photos !



Ici commence une succession de salles, toutes plus belles les unes que les autres, richement décorées, parées de thangka, de pièces sculptées, de statues. Toute pièce de l’architecture, en bois finement sculpté, est peinte à la manière tibétaine. Bref, tout est impressionnant, superbe, et me donne un aperçu de la puissance et la richesse culturelle de l’empire tibétain à l’époque.

Parmi les pièces visitées, les plus marquantes sont bien sûr celles où ont été érigés les mausolées des dalaï-lamas (du 5ème au 13ème, excepté le 6ème, fieffé buveur et coureur de jupons, qui a fini par abandonner son peuple avant de se faire lyncher !). Ce sont d’immenses constructions blanches (certaines font plus de 20 mètres de haut), bâties façon stupa, richement décorées d’or et de pierres précieuses. Evidemment, les fidèles viennent en nombre se recueillir et donner des offrandes ici.

Les appartements du dalaï-lama font également partie de la visite. Assez sobres et petits, ils offrent néanmoins à leur illustre résidant (lorsqu’il a le droit d’être ici) certainement la plus belle vue de Lhassa.

Les autres salles visitables sont des chapelles, dédiées à différentes divinités, des pièces de stockage de livres de prières, de mandalas en 3 dimensions… une débauche de richesses, mais qui n’est qu’une toute petite partie de l’ensemble historique qui était présent ici, et a (encore une fois) largement été pillé par les chinois.

Nous redescendons ensuite par l’autre côté du Potala, parmi les fidèles, heureux et sympathiques, et nous rejoignons le car qui nous emmènera dans le centre de Lhassa pour déjeuner. Nous sommes à côté de notre hôtel, et du Jokhang, que nous visitons après notre repas.

Le temple du Jokhang, tout comme le palais du Potala, est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Même s’il est moins célèbre à l’étranger que le précédent, il est cependant plus sacré pour les tibétains. Il s’agit du premier temple bouddhiste du Tibet, construit en 639 sur ordre du roi Songsten Gampo (toujours le même !) pour fêter son mariage avec la princesse chinoise.



Selon la légende, le roi, indécis quant à l’emplacement du futur temple, aurait lancé sa bague en l’air, en promettant de construire là où elle tomberait. La bague tomba dans un lac, (le lac de lait, je crois), qui dut être asséché pour permettre l’érection du temple…

A l’entrée du Jokhang, tout un symbole, on peut voir la une tablette en pierre datant du début du IXème siècle, où est gravé le traité de paix sino tibétain, par lequel chacune des parties reconnaît la souveraineté de l’autre, et assure de la laisser en paix. Peut-être que les chinois ne savent plus lire ?

Pénétrer dans le Jokhang, c’est tout particulier, je suis envahi par l’atmosphère chargée en religiosité. D’abord à l’extérieur, avec les innombrables et infatigables pèlerins qui effectuent leur circuit rituel autour du monument, et dont il faut couper la file continue, puis à l’intérieur, avec ces mêmes tibétains qui attendent silencieusement dans la cour avant de pouvoir entrer dans le temple.



Étonnamment, il règne un silence religieux à l’intérieur de l’enceinte du temple, ce qui contraste vivement avec le brouhaha général de l’extérieur.

Architecturalement, le Jokhang est magnifique. Dans la partie centrale, où patientent les fidèles, se trouve un cloître aux piliers de bois sculptés et aux peintures criardes tibétaines. La partie verticale supérieure de cette cour est couverte sur toute sa périphérie de tentures noires pourvues de motifs bouddhistes brodés en blanc.



Nous rentrons dans les pièces du rez-de-chaussée, des chapelles et la salle de prière des moines qui sont richement décorées. Sur l’un des murs intérieurs, je contemple une très intéressante fresque qui décrit la construction du temple. Dans un recoin de la salle de prière des moines, se trouve un trou par lequel tous les visiteurs écoutent le soi disant bruit du lac de lait qui serait resté emprisonné dans les pierres du temple.

Puis c’est la chapelle tant sacrée renfermant la fameuse statue de Jowo, qui représente le Bouddha jeune, et date de son vivant. Impressionnant !

Mais le summum de la magie de ce lieu déroutant, c’est sans conteste sa terrasse, accessible par un escalier que j’emprunte avec impatience. Le premier palier, joliment et sobrement décoré offre une atmosphère sereine, avec ses arbustes et sa vue plongeante sur la cour où patientent les fidèles. En revanche, hormis quelques moines et de rares visiteurs, peu de monde est monté, ce qui renforce la quiétude du lieu.



Le palier supérieur, quant à lui, offre une vue splendide sur le sommet des toits dorés du Jokhang, le palais du Potala, les flics en faction sur les toits alentours et surtout, surtout, une vue plongeante sur le Barkhor et le flux des pèlerins qui prient ou tournent autour du monument.



Après cette dernière visite en compagnie du groupe, nous prenons congé de notre sympathique guide, puis rentrons à l’hôtel et prenons notre dernier repas ensemble. Demain matin, le couple d’allemands et une des 2 américaines repartent pour leurs contrées respectives. L’autre américaine reste, puisque son mari lui fait la surprise de la rejoindre bientôt à Lhassa, et les 2 rigolos hollandais partent comme moi dans 2 jours. Notre dernier repas est très convivial, et nous nous promettons tous de garder contact.

Nous allons donc nous coucher tôt pour permettre à ceux qui partent demain de bien se reposer.


9 janvier 2010 : Lhassa

Pour la première fois depuis le début de mon séjour au Tibet, je peux faire une grasse matinée, qui m’est particulièrement agréable. Quand je me réveille, je décide de consacrer une partie de mon temps libre à m’occuper de mon départ du Tibet pour le reste de la Chine. En effet, je n’ai toujours pas de billet de train (ce qui est normalement illégal), j’ai simplement un permis qui ne me permet de rester ici que jusqu’à après demain. Je pars à la gare de Lhassa en compagnie de mon guide, qui a gentiment accepté de m’accompagner pour m’aider.

La gare est située à l’extérieur de la ville, et nous prenons un taxi rudement négocié pour nous y rendre. Le bâtiment est incroyablement grandiose, dimensionné aux envies mégalomanes chinoises. En fait, la gare ressemble plus à un aéroport quasiment vide !

Bref, avec l’aide du guide, j’achète un billet de train pour 2 fois moins cher que ce que me proposait l’agence népalaise, départ pour Lanzhou (province chinoise du Gansu) le 11 janvier à 8h, en couchette molle (soft sleeper). Puis je retourne au centre ville, et passe le reste de ma journée à flâner dans le Barkhor et à aller sur internet.

Le soir, je retrouve pour dîner Jasmine l’américaine et Mitchell le hollandais, son ami étant malade et ne nous accompagnant donc pas, et vais me coucher tôt.


10 janvier 2010 : Lhassa

Le dernier jour de mon séjour au Tibet, je me lève à 10h, puis file seul au parc du Norbulingka, à pied, ce qui fait une petite trotte depuis l’hôtel. Je repasse devant le superbe Potala, perché majestueusement sur sa colline, puis visite un petit temple érigé à même le roc, à 2 pas du palais.



Ensuite, je reprends ma marche vers le parc du Norbulingka. C’est le 3ème lieu de Lhassa inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit de la résidence d’été du dalaï-lama depuis 1750 et le 7ème dalaï-lama qui fit bâtir ce complexe, ses successeurs y apportant leurs touches personnelles.

J’avoue que je ne comprends pas trop l’inscription par l’UNESCO. Le parc est immense, mais la plupart des pavillons sont fermés au public, et de nombreux travaux rendent le site peu agréable. Néanmoins, le pavillon du dalaï-lama actuel, avec ses appartements meublés et décorés façon années 1950 (la date à laquelle il a fui le Tibet) et sa salle de bain vaut quand même le détour. Très joli aussi, le parc de ce pavillon, avec ses bassins gelés, offre une pause agréable au cours de la visite.



Je reprends ensuite mon chemin vers le centre de Lhassa, et au moment où je me dis que je commence à avoir faim, je croise Jasmine l’américaine, qui décide de partager mon repas tardif. Le hasard nous mène dans un restaurant sichuanais, où nous mangeons une fondue bien relevée.

Sur le chemin du retour à l’hôtel, nous croisons Oscar, le mari de Jasmine, fraîchement débarqué à Lhassa. Je laisse les 2 tourtereaux se retrouver, et vais faire un tour sur internet.

Puis je retrouve les rescapés du groupe et Oscar pour notre dernier dîner. Nous discutons avec intérêt sur la politique internationale, nos voyages respectifs, la grandeur gastronomique de la France que je vante… Oscar se révèle être un très cultivé et gentil mexicano-américain. Il me déconseille absolument d’aller à Lanzhou, ville extrêmement polluée et inintéressante, où je dois pourtant retrouver Houda, et m’oriente plutôt vers Xining, dans la province du Qinghai. Il me donne même l’adresse de la guesthouse dans laquelle il a séjourné, et me fournit les indications en chinois pour m’y rendre. Bien que j’aie déjà mon billet pour Lanzhou, je note toutes ses informations avant d’aller me coucher, et je le remercie chaleureusement.


10 et 11 janvier 2010 : Lhassa – Xining

Ce matin, je me suis donc levé à l’aube, j’ai repris mon sac que j’avais préparé hier, puis suis parti en taxi vers la pharaonique gare de Lhassa. Je jette un dernier coup d’œil au Jokhang et au palais du Potala, puis rentre dans le train.

Le train qui part de Lhassa pour la Chine n’est pas ordinaire, loin de là. C’est le plus haut train du monde, avec une altitude dépassant 4.000 mètres sur presque 1.000 km (soit 80% du trajet), et un point culminant de la ligne à plus de 5.000 mètres. Comme 50% de la ligne repose sur du permafrost, susceptible de se réchauffer suite aux changements climatiques, et donc de nuire à la stabilité du train, il a fallu prévoir le refroidissement du sol par injections de liquide spécifique. Au-delà de l’exploit technologique, ce tronçon représente un enjeu politique évident pour les chinois.

Le voyage en lui-même est particulièrement impressionnant. Le train parcourt des paysages époustouflants, entre montagnes lacs gelés.



Mon compartiment est confortable, avec 4 lits couchettes, chacun disposant d’un écran télé. Je partage la première moitié du trajet avec une mère et son adorable bambin, qui chahute un peu avec moi.



Je parcours le train, profite du paysage dans le wagon restaurant, où un écran affiche la température extérieure (qui descendra à -25°C la nuit !), la vitesse du train…

A Golmud, alors que je commence à m’endormir, 2 vieux chinois entrent bruyamment dans le compartiment pour prendre les 2 lits libres. La nuit sera assez courte, ces 2 compagnons ronflant comme des locomotives !

Le lendemain matin, après un petit déjeuner dans le wagon restaurant, je décide finalement de suivre les conseils d’Oscar et de descendre à Xining, où le train s’arrête avant Lanzhou. Je découvre la ville en sortant de la gare, et prends un taxi pour l’auberge de jeunesse dont l’adresse m’a été filée par Oscar.

L’auberge est effectivement sympathique, située aux 2 derniers étages d’un immeuble en comportant 16. Je prends un lit dans un dortoir comportant 4 couchages, mais je serai seul cette nuit, profitant de la superbe vue sur la ville.

Je vais faire un tour en ville, me paye un vrai gueuleton dans un certain « French Coffee », où pour 100 yuans quand même j’ai un service et une nourriture irréprochables, puis rentre à l’hôtel pour faire ma lessive et utiliser le wifi à disposition dans le lobby.

Je m’endors le soir assez tôt, en regardant songeusement les lumières de la ville depuis mon lit…

dimanche 17 janvier 2010

Du 31ème jour au 36ème jour...

Salut ! Comme promis, voici le récit trépidant que vous attendez tous de la première partie de mon voyage au Tibet.


1er janvier 2010 : Kathmandu.

Le premier matin de 2010, je me réveille en meilleure forme que la veille ; la journée passe vite, et je ne fais pas grand-chose. Je fais quelques achats, paye un verre d’adieu à Dilé qui est venu me voir à l’hôtel, puis je boucle mon sac. Le départ pour le Tibet est prévu demain matin, rendez-vous à 5h45 à l’agence. J’essaie de me coucher tôt, mais n’arrive pas bien à dormir.



2 janvier 2010 : Kathmandu – Nyalam

Ca commence bien, je ne me réveille que lorsqu’on tambourine à ma porte. Je regarde l’heure, il est 6h15, et je me rends compte que j’aurais dû partir depuis trois quarts d’heure. C’est le mec de l’agence qui frappe à ma porte, il est venu me chercher en moto.

Le temps de sauter dans vêtements et mes chaussures, nous partons en trombe jusqu’au minibus qui nous emmènera à la frontière népalo-tibétaine. Un peu penaud, je fais connaissance avec mes compagnons de voyage, en m’excusant platement.

Il y a là un couple d’allemands, une américaine d’origine indienne et une américaine tout court. Apparemment, je n’étais pas le seul en retard, et ils m’accueillent bien. Nous partons enfin avec une heure de retard, qui m’incombe en grande majorité. Au moins, ils sauront à quoi s’attendre avec moi…

Nous entamons le voyage sur la Friendship Highway (l’autoroute de l’amitié, qui n’a rien d’une autoroute, au demeurant), qui relie Kathmandu à Lhassa, et plus nous nous éloignons de la capitale népalaise, plus les montagnes environnantes apparaissent, majestueuses. Nous grimpons la route sinueuse, parcourue de camions chinois et népalais, en nous arrêtant pour faire une pause petit déjeuner.

Puis c’est bientôt le poste frontière. Des milliers de personnes franchissent à pied le passage, la plupart avec des marchandises sur le dos, qui alimenteront les marchés et magasins du Népal. La frontière est impressionnante, à la méthode chinoise. Il s’agit d’un pont, surmonté d’un immense portique, gardé par de patibulaires militaires chinois. Evidemment, interdit de prendre des photos.

Notre guide fait rapidement les formalités népalaises, puis nous franchissons à pied le pont, et là, côté chinois, c’est une toute autre histoire. Passage aux rayons X des bagages, examen minutieux de mon passeport pendant environ 15 minutes, fouille au corps, re-passage des bagages aux rayons X, puis fouille des sacs. Les douaniers examinent mes livres et mes albums photos (avec grand intérêt) page par page, et conserveront mon Lonely Planet de la Chine, car la carte qu’il contient n’inclut pas Taiwan. J’essaie de négocier un peu, mais rien à faire, ce sont 35€ qui s’arrêteront à l’entrée de l’Empire du Milieu. Nous sommes en Chine, et les autorités sont bien décidées à le faire savoir.

Ouf, nous sommes enfin au Tibet, où nous faisons connaissance avec notre guide local, qui nous accompagnera jusqu’à la fin de notre périple, ainsi que 2 comparses hollandais qui rejoignent notre groupe. Le temps de mettre à l’heure nos montres (le Tibet est à l’heure chinoise, soit un décalage de 2h15 par rapport au Népal !), nous montons dans 2 jeeps, et commençons l’ascension de la route qui nous mènera à Nyalam, en nous frayant tant bien que mal un chemin entre les camions de marchandises et les gens.

Rapidement, nous arrivons au premier des nombreux postes de contrôle qui jalonnent la route, où les militaires examinent avec zèle nos passeports et permis (pour entrer au Tibet, il faut un permis spécial, qui vaut visa pour la Chine également).

La route est parfois en très mauvais état, et bientôt elle est recouverte d’une mince couche de neige. Je comprends mieux l’utilité du 4x4 !

Au détour d’un virage, nous voyons une voiture dans le fossé, ce qui n’est pas franchement pour nous rassurer, et par la même occasion nous pouvons apprécier l’entraide de la population locale. Tout le monde s’arrête pour donner un coup de main, et avec les hollandais, nous mettons également la main à la pâte. Après moult conciliabules, aide d’un chasse-neige et de cordes pas assez solides, nous remettons sur roues le véhicule, et pouvons reprendre notre route. L’ombre couvre les montagnes et la route, et le froid tombe, vif et perçant.

Enfin, nous arrivons dans la petite bourgade de Nyalam, à 3.750 mètres d’altitude, et qui ressemble à une ville de Far West, avec sa rue principale désertique parcourue par des chiens errants, le verglas et le froid en plus.

Nous nous installons dans une guesthouse, où je partagerai une chambre avec les 2 sympathiques hollandais. La nuit sera très froide, et, engoncé dans mon sac de couchage, 2 couvertures par-dessus, mon bonnet sur mes oreilles, me je me rappellerai les moments forts de mon trek au Népal…



3 janvier 2010 : Nyalam – Shigatsé

Le lendemain matin, nous décidons avec le guide de faire route jusqu’à Shigatsé, ce qui nous fait sauter l’étape moins confortable de Lhatsé. Nous partons donc plus tôt que prévu le matin, car la route est rallongée de 3 heures.

Le soleil qui se lève au fur et à mesure de notre ascension, nous fait découvrir les fabuleux paysages de montagnes tibétaines qui jalonneront notre route jusqu’à Lhassa.

Nous franchissons 2 cols à plus de 5.000 m d’altitudes, perchés au milieu de nulle part, seules les montagnes nous entourant…

Puis nous redescendons le long de la Friendship Highway, croisons des locaux (un berger à l’occasion d’une pause au bord de la route, et la patronne du resto du midi, avec son fils).

Nous disons une dernière fois au revoir au Mont Everest, que nous ne verrons plus, et dans les paysages toujours aussi grandioses, nous arrivons enfin à Shigatsé.

L’hôtel est tout se qui a de plus confortable, du style bien construit chinois… je suis seul dans ma chambre, un peu grande pour moi, mais j’apprécie grandement la douche chaude que je m’offre, et les draps blancs dans lesquels je dors bien.



4 janvier 2010 : Shigatsé

Shigatsé, que je visite seul ce matin, profitant d’une demi-journée libre, est la 2ème ville du Tibet. Elle est indubitablement impactée par la présence chinoise, dont la population émigrée a bâti de nombreux commerces, banques, immeubles, bâtiments administratifs gardés par des militaires…

Bref, dans la ville, peu d’âme réelle tibétaine, à part dans le monastère de Tashilumpo, que nous visiterons l’après midi. En fait, la population tibétaine cohabite ici avec la population Han, qui a apporté de nombreuses infrastructures au Tibet, tout en imposant aux nomades de se sédentariser (un moyen de mieux contrôler les gens ?).

Mais le vrai Tibet, on le retrouve dans son peuple, si fort de ses traditions et de sa culture, si dévot également. Intéressants pieds de nez : les fidèles continuent de se prosterner sur l’esplanade très style Tien An Men, comme les chinois les aiment tant, bâtie juste en face du monastère de Tashilumpo, et les gens locaux continuent de discuter, prendre un thé ou déjeuner tranquillement dans les restaurants tibétains. Profiter des infrastructures des chinois, et les ignorer en perpétuant leurs traditions, semblent être les volontés des tibétains.

Après avoir retrouvé le groupe pour déjeuner, nous visitons donc le monastère de Tashilumpo, véritable ville dans la ville, bâti vers 1450 sur ordre du 1er dalaï-lama et qui est le siège des panchen lamas. Les panchen lamas, ce sont des réincarnations d’une forme de Bouddha, et historiquement ce sont les instructeurs des dalaï-lamas. Aujourd’hui, le 11ème panchen lama tibétain est en résidence surveillée, et l’officiel panchen lama a été désigné par les autorités chinoises… on peut d’ailleurs voir sa photo partout, lui qui ne se rend qu’une fois par an à Tashilumpo, et réside le reste du temps dans un palais inaccessible au public, situé en Chine.

Le monastère en lui-même est un immense complexe qui pouvait abriter jusqu’à 5.000 moines, nombre qui est aujourd’hui limité à 700 par Pékin. Les bâtiments sont d’origine, c’est-à-dire qu’ils ont été épargnés par la Révolution culturelle des armées de Mao. En revanche, les richesses intérieures (statues, livres, peintures…) ont largement été pillées ou dégradées à cette période.

Dans le temple de Maitreya, une gigantesque statue représentant le Bouddha du futur, serait sa plus grande représentation en cuivre du monde (plus de 25 mètres de haut !). Vraiment impressionnant, mais ici les photos sont prohibitives (180€ !), donc vous ne verrez pas à quoi ça ressemble !

Autre moment fort de ma visite, le mausolée abritant les cendres de tous les panchen lamas (excepté le 5ème, qui a droit à son propre mausolée, où est enterré son corps). Là encore, les dimensions sont gigantesques, et l’atmosphère de recueillement qui y règne est particulièrement prenante.

Enfin, je finis la visite de la partie « religieuse » du monastère par le temple de l’assemblée, où se dresse le trône du panchen lama, et qui fait face à une sorte d’immense cour, comportant un imposant mat de prière, bordée de pièces où les moines étudient ou font des travaux manuels.

Ensuite, nous redescendons vers la sortie, en parcourant les ruelles bordées d’habitations peintes en blanc, où demeurent les moines.

Nous rentrons ensuite à l’hôtel, allons dîner, puis je vais me coucher dans mon grand lit froid.



5 janvier 2010 : Gyantsé

Le matin, nous reprenons la route, où nous croisons les paysans locaux sur leurs drôles de montures, pour nous rendre à Gyantsé, petite bourgade située à 4.000 mètres d’altitude, à une centaine de kilomètres de Shigatsé.

Après avoir fait connaissance avec notre hôtel, de nouveau de style très chinois, nous déjeunons, et partons vers le monastère de Pelkor Chode. Celui-ci, très bien conservé (lui non plus n’a pas été victime de la Révolution Culturelle), fut construit en 1418, et se voulait être une fédération inhabituelle de plusieurs monastères regroupant différentes sectes.

L’architecture est également singulière, puisqu’elle dévoile des influences népalaises, chinoises et tibétaines, ce qui n’est pas sans rappeler le 1er roi historique du Tibet, Songsten Gampo, qui épousa au VIIème siècle une princesse népalaise, et une chinoise, qui apportèrent le bouddhisme au Tibet.

Cet étonnant mélange architectural est évident dans le Kumbum, stupa monumental composant un mandala en 3 dimensions, et qui comporte 108 (chiffre sacré tibétain) chapelles renfermant des statues de divinités, toutes plus belles les unes que les autres. Je rentre dans chacune des chapelles, de bas en haut, et de gauche à droite, jusqu’à la chapelle du Bouddha primordial, ce qui paraît-il, me permet de parcourir l’intégralité de la voie tantrique, si vous voulez savoir.

Bon, fort de cette expérience, je ne me sens néanmoins pas du tout différent arrivé en haut, et je peux en toute sérénité apprécier la vue superbe sur le fort et la ville de Gyantsé.

A l’intérieur d’un autre bâtiment du monastère, je peux admirer de nombreuses fresques, thangka et statues de divinités magnifiques (qu’il m’est interdit de prendre en photo), dans l’odeur des bougies au beurre de yak qui se consument lentement.

Là encore, la beauté des pièces, la ferveur religieuse des fidèles qui donnent des offrandes aux divinités et les moines qui prient d’une voix monocorde, en tapant sur un tambour, créent une atmosphère des plus envoûtantes…

La visite terminée, nous parcourons à pied le quartier tibétain de la ville, regroupé autour de la rue d’accès au monastère. Ici, c’est très typique, les artisans et commerçants dont les boutiques sont ouvertes sur la rue, reproduisent les mêmes gestes depuis des siècles…

Je décide ensuite de fausser compagnie à mon sympathique groupe, puisque cet après midi est libre. Je monte au fort qui domine la ville, mais celui-ci étant fermé, je ne fais qu’apprécier la belle vue panoramique sur Gyantsé et les montagnes environnantes.

Puis je rentre à l’hôtel, où je rejoins le groupe. Nous allons manger au Yak Restaurant, très sympathique endroit où la carte annonce un bourguignon de yak, des tomates farcies au yak, ou encore du hachis parmentier au yak, tout ça en français, s’il vous plaît. Malheureusement, rien de ces alléchants mets n’est disponible, et je me rabats donc sur le burger de yak avec frites, qui ma foi est un pur délice !

Nous rentrons à l’hôtel nous coucher, car demain nous partons vers notre étape finale, Lhassa, qui est à 7h de route de Gyantsé.



6 janvier 2010 : Gyantsé – Lhassa

La route vers Lhassa est toujours aussi magnifique, les paysages grandioses et diversifiés. Nous passons un premier col à 4.300 mètres, puis la route poursuit son ascension jusqu’au col de Karo-La, à 5.000 mètres, d’où nous avons une vue imprenable sur un superbe glacier, et le Norzing Kansar, montagne qui culmine à quelque 7.200 mètres.

Nous redescendons ensuite vers Nagartsé, où nous déjeunons, puis poursuivons la route le long du magnifique lac de Yamdrok-Tso (le lac Turquoise), aux eaux d’un bleu cristallin. Nous grimpons enfin jusqu’au col de Kamba-La, à 4.800 m d’altitude, qui offre une magnifique vue sur le lac.

Puis la route redescend en lacets jusqu’à la vallée de Lhassa, où nous arrivons en début de soirée. Parcourir la capitale tibétaine en voiture, après avoir vu de si beaux paysages, est quelque peu décevant, puisqu’elle semble être au premier abord une quelconque grande ville chinoise, avec peut-être plus de grands bâtiments officiels qu’ailleurs…

Oui mais voilà, quand la voiture passe devant le palais du Potala, et quand nous arrivons à notre hôtel, situé juste à côté du Jokhang Palace, et que nous sommes entourés de pèlerins qui circulent autour du monument, je me dis que décidemment, la culture tibétaine est d’une rare richesse, et qu’aucune puissance ne pourra jamais détruire.

Notre hôtel est du même acabit que les précédents, mais il est idéalement situé, vraiment à 2 pas du Jokhang Palace. Cependant, ma chambre confortable ne donne pas sur le flot de pèlerins qui marchent jour et nuit en se prosternant.

Une fois mes affaires posées, je sors et vais me mêler seul à ce flux incessant, quelque peu hypnotisé, j’erre autour de Barkhor Market, qui est le quartier commerçant situé autour du Jokhang, et que traversent les tibétains lors de leur pèlerinage autour du monument. Là, au milieu de la foule, la ferveur populaire est au plus intense, des hommes et des femmes de tous âges marchent, en chantonnant, faisant tourner leurs moulins à prières. D’autres tournent autour de l’édifice en se prosternant de tout leur long, se relevant, faisant un pas, et reproduisant les mêmes gestes, jusqu’à faire 3 tours complets du Jokhang.

Devant le palais, ce sont les mêmes postures, cette fois-ci sur place, qui sont effectuées par d’autres fidèles, sous les yeux attentifs de militaires armés jusqu’aux dents, postés sur les toits, ou autour de l’immense esplanade (encore une inspiration Tien An Men) qui fait face au Jokhang.

Je rentre à l’hôtel, un peu grisé, et retrouve le groupe pour aller dîner. Après un repas sympathique, je vais me coucher, car demain notre programme prévoit la visite de 2 monastères situés dans les environs de Lhassa.