Au fait...

Après 413 jours d'errance sur le globe, nous voici de retour à la maison, dans notre bonne vieille France, et la ville la plus belle du monde !

Où sommes-nous ?


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dimanche 17 janvier 2010

Du 31ème jour au 36ème jour...

Salut ! Comme promis, voici le récit trépidant que vous attendez tous de la première partie de mon voyage au Tibet.


1er janvier 2010 : Kathmandu.

Le premier matin de 2010, je me réveille en meilleure forme que la veille ; la journée passe vite, et je ne fais pas grand-chose. Je fais quelques achats, paye un verre d’adieu à Dilé qui est venu me voir à l’hôtel, puis je boucle mon sac. Le départ pour le Tibet est prévu demain matin, rendez-vous à 5h45 à l’agence. J’essaie de me coucher tôt, mais n’arrive pas bien à dormir.



2 janvier 2010 : Kathmandu – Nyalam

Ca commence bien, je ne me réveille que lorsqu’on tambourine à ma porte. Je regarde l’heure, il est 6h15, et je me rends compte que j’aurais dû partir depuis trois quarts d’heure. C’est le mec de l’agence qui frappe à ma porte, il est venu me chercher en moto.

Le temps de sauter dans vêtements et mes chaussures, nous partons en trombe jusqu’au minibus qui nous emmènera à la frontière népalo-tibétaine. Un peu penaud, je fais connaissance avec mes compagnons de voyage, en m’excusant platement.

Il y a là un couple d’allemands, une américaine d’origine indienne et une américaine tout court. Apparemment, je n’étais pas le seul en retard, et ils m’accueillent bien. Nous partons enfin avec une heure de retard, qui m’incombe en grande majorité. Au moins, ils sauront à quoi s’attendre avec moi…

Nous entamons le voyage sur la Friendship Highway (l’autoroute de l’amitié, qui n’a rien d’une autoroute, au demeurant), qui relie Kathmandu à Lhassa, et plus nous nous éloignons de la capitale népalaise, plus les montagnes environnantes apparaissent, majestueuses. Nous grimpons la route sinueuse, parcourue de camions chinois et népalais, en nous arrêtant pour faire une pause petit déjeuner.

Puis c’est bientôt le poste frontière. Des milliers de personnes franchissent à pied le passage, la plupart avec des marchandises sur le dos, qui alimenteront les marchés et magasins du Népal. La frontière est impressionnante, à la méthode chinoise. Il s’agit d’un pont, surmonté d’un immense portique, gardé par de patibulaires militaires chinois. Evidemment, interdit de prendre des photos.

Notre guide fait rapidement les formalités népalaises, puis nous franchissons à pied le pont, et là, côté chinois, c’est une toute autre histoire. Passage aux rayons X des bagages, examen minutieux de mon passeport pendant environ 15 minutes, fouille au corps, re-passage des bagages aux rayons X, puis fouille des sacs. Les douaniers examinent mes livres et mes albums photos (avec grand intérêt) page par page, et conserveront mon Lonely Planet de la Chine, car la carte qu’il contient n’inclut pas Taiwan. J’essaie de négocier un peu, mais rien à faire, ce sont 35€ qui s’arrêteront à l’entrée de l’Empire du Milieu. Nous sommes en Chine, et les autorités sont bien décidées à le faire savoir.

Ouf, nous sommes enfin au Tibet, où nous faisons connaissance avec notre guide local, qui nous accompagnera jusqu’à la fin de notre périple, ainsi que 2 comparses hollandais qui rejoignent notre groupe. Le temps de mettre à l’heure nos montres (le Tibet est à l’heure chinoise, soit un décalage de 2h15 par rapport au Népal !), nous montons dans 2 jeeps, et commençons l’ascension de la route qui nous mènera à Nyalam, en nous frayant tant bien que mal un chemin entre les camions de marchandises et les gens.

Rapidement, nous arrivons au premier des nombreux postes de contrôle qui jalonnent la route, où les militaires examinent avec zèle nos passeports et permis (pour entrer au Tibet, il faut un permis spécial, qui vaut visa pour la Chine également).

La route est parfois en très mauvais état, et bientôt elle est recouverte d’une mince couche de neige. Je comprends mieux l’utilité du 4x4 !

Au détour d’un virage, nous voyons une voiture dans le fossé, ce qui n’est pas franchement pour nous rassurer, et par la même occasion nous pouvons apprécier l’entraide de la population locale. Tout le monde s’arrête pour donner un coup de main, et avec les hollandais, nous mettons également la main à la pâte. Après moult conciliabules, aide d’un chasse-neige et de cordes pas assez solides, nous remettons sur roues le véhicule, et pouvons reprendre notre route. L’ombre couvre les montagnes et la route, et le froid tombe, vif et perçant.

Enfin, nous arrivons dans la petite bourgade de Nyalam, à 3.750 mètres d’altitude, et qui ressemble à une ville de Far West, avec sa rue principale désertique parcourue par des chiens errants, le verglas et le froid en plus.

Nous nous installons dans une guesthouse, où je partagerai une chambre avec les 2 sympathiques hollandais. La nuit sera très froide, et, engoncé dans mon sac de couchage, 2 couvertures par-dessus, mon bonnet sur mes oreilles, me je me rappellerai les moments forts de mon trek au Népal…



3 janvier 2010 : Nyalam – Shigatsé

Le lendemain matin, nous décidons avec le guide de faire route jusqu’à Shigatsé, ce qui nous fait sauter l’étape moins confortable de Lhatsé. Nous partons donc plus tôt que prévu le matin, car la route est rallongée de 3 heures.

Le soleil qui se lève au fur et à mesure de notre ascension, nous fait découvrir les fabuleux paysages de montagnes tibétaines qui jalonneront notre route jusqu’à Lhassa.

Nous franchissons 2 cols à plus de 5.000 m d’altitudes, perchés au milieu de nulle part, seules les montagnes nous entourant…

Puis nous redescendons le long de la Friendship Highway, croisons des locaux (un berger à l’occasion d’une pause au bord de la route, et la patronne du resto du midi, avec son fils).

Nous disons une dernière fois au revoir au Mont Everest, que nous ne verrons plus, et dans les paysages toujours aussi grandioses, nous arrivons enfin à Shigatsé.

L’hôtel est tout se qui a de plus confortable, du style bien construit chinois… je suis seul dans ma chambre, un peu grande pour moi, mais j’apprécie grandement la douche chaude que je m’offre, et les draps blancs dans lesquels je dors bien.



4 janvier 2010 : Shigatsé

Shigatsé, que je visite seul ce matin, profitant d’une demi-journée libre, est la 2ème ville du Tibet. Elle est indubitablement impactée par la présence chinoise, dont la population émigrée a bâti de nombreux commerces, banques, immeubles, bâtiments administratifs gardés par des militaires…

Bref, dans la ville, peu d’âme réelle tibétaine, à part dans le monastère de Tashilumpo, que nous visiterons l’après midi. En fait, la population tibétaine cohabite ici avec la population Han, qui a apporté de nombreuses infrastructures au Tibet, tout en imposant aux nomades de se sédentariser (un moyen de mieux contrôler les gens ?).

Mais le vrai Tibet, on le retrouve dans son peuple, si fort de ses traditions et de sa culture, si dévot également. Intéressants pieds de nez : les fidèles continuent de se prosterner sur l’esplanade très style Tien An Men, comme les chinois les aiment tant, bâtie juste en face du monastère de Tashilumpo, et les gens locaux continuent de discuter, prendre un thé ou déjeuner tranquillement dans les restaurants tibétains. Profiter des infrastructures des chinois, et les ignorer en perpétuant leurs traditions, semblent être les volontés des tibétains.

Après avoir retrouvé le groupe pour déjeuner, nous visitons donc le monastère de Tashilumpo, véritable ville dans la ville, bâti vers 1450 sur ordre du 1er dalaï-lama et qui est le siège des panchen lamas. Les panchen lamas, ce sont des réincarnations d’une forme de Bouddha, et historiquement ce sont les instructeurs des dalaï-lamas. Aujourd’hui, le 11ème panchen lama tibétain est en résidence surveillée, et l’officiel panchen lama a été désigné par les autorités chinoises… on peut d’ailleurs voir sa photo partout, lui qui ne se rend qu’une fois par an à Tashilumpo, et réside le reste du temps dans un palais inaccessible au public, situé en Chine.

Le monastère en lui-même est un immense complexe qui pouvait abriter jusqu’à 5.000 moines, nombre qui est aujourd’hui limité à 700 par Pékin. Les bâtiments sont d’origine, c’est-à-dire qu’ils ont été épargnés par la Révolution culturelle des armées de Mao. En revanche, les richesses intérieures (statues, livres, peintures…) ont largement été pillées ou dégradées à cette période.

Dans le temple de Maitreya, une gigantesque statue représentant le Bouddha du futur, serait sa plus grande représentation en cuivre du monde (plus de 25 mètres de haut !). Vraiment impressionnant, mais ici les photos sont prohibitives (180€ !), donc vous ne verrez pas à quoi ça ressemble !

Autre moment fort de ma visite, le mausolée abritant les cendres de tous les panchen lamas (excepté le 5ème, qui a droit à son propre mausolée, où est enterré son corps). Là encore, les dimensions sont gigantesques, et l’atmosphère de recueillement qui y règne est particulièrement prenante.

Enfin, je finis la visite de la partie « religieuse » du monastère par le temple de l’assemblée, où se dresse le trône du panchen lama, et qui fait face à une sorte d’immense cour, comportant un imposant mat de prière, bordée de pièces où les moines étudient ou font des travaux manuels.

Ensuite, nous redescendons vers la sortie, en parcourant les ruelles bordées d’habitations peintes en blanc, où demeurent les moines.

Nous rentrons ensuite à l’hôtel, allons dîner, puis je vais me coucher dans mon grand lit froid.



5 janvier 2010 : Gyantsé

Le matin, nous reprenons la route, où nous croisons les paysans locaux sur leurs drôles de montures, pour nous rendre à Gyantsé, petite bourgade située à 4.000 mètres d’altitude, à une centaine de kilomètres de Shigatsé.

Après avoir fait connaissance avec notre hôtel, de nouveau de style très chinois, nous déjeunons, et partons vers le monastère de Pelkor Chode. Celui-ci, très bien conservé (lui non plus n’a pas été victime de la Révolution Culturelle), fut construit en 1418, et se voulait être une fédération inhabituelle de plusieurs monastères regroupant différentes sectes.

L’architecture est également singulière, puisqu’elle dévoile des influences népalaises, chinoises et tibétaines, ce qui n’est pas sans rappeler le 1er roi historique du Tibet, Songsten Gampo, qui épousa au VIIème siècle une princesse népalaise, et une chinoise, qui apportèrent le bouddhisme au Tibet.

Cet étonnant mélange architectural est évident dans le Kumbum, stupa monumental composant un mandala en 3 dimensions, et qui comporte 108 (chiffre sacré tibétain) chapelles renfermant des statues de divinités, toutes plus belles les unes que les autres. Je rentre dans chacune des chapelles, de bas en haut, et de gauche à droite, jusqu’à la chapelle du Bouddha primordial, ce qui paraît-il, me permet de parcourir l’intégralité de la voie tantrique, si vous voulez savoir.

Bon, fort de cette expérience, je ne me sens néanmoins pas du tout différent arrivé en haut, et je peux en toute sérénité apprécier la vue superbe sur le fort et la ville de Gyantsé.

A l’intérieur d’un autre bâtiment du monastère, je peux admirer de nombreuses fresques, thangka et statues de divinités magnifiques (qu’il m’est interdit de prendre en photo), dans l’odeur des bougies au beurre de yak qui se consument lentement.

Là encore, la beauté des pièces, la ferveur religieuse des fidèles qui donnent des offrandes aux divinités et les moines qui prient d’une voix monocorde, en tapant sur un tambour, créent une atmosphère des plus envoûtantes…

La visite terminée, nous parcourons à pied le quartier tibétain de la ville, regroupé autour de la rue d’accès au monastère. Ici, c’est très typique, les artisans et commerçants dont les boutiques sont ouvertes sur la rue, reproduisent les mêmes gestes depuis des siècles…

Je décide ensuite de fausser compagnie à mon sympathique groupe, puisque cet après midi est libre. Je monte au fort qui domine la ville, mais celui-ci étant fermé, je ne fais qu’apprécier la belle vue panoramique sur Gyantsé et les montagnes environnantes.

Puis je rentre à l’hôtel, où je rejoins le groupe. Nous allons manger au Yak Restaurant, très sympathique endroit où la carte annonce un bourguignon de yak, des tomates farcies au yak, ou encore du hachis parmentier au yak, tout ça en français, s’il vous plaît. Malheureusement, rien de ces alléchants mets n’est disponible, et je me rabats donc sur le burger de yak avec frites, qui ma foi est un pur délice !

Nous rentrons à l’hôtel nous coucher, car demain nous partons vers notre étape finale, Lhassa, qui est à 7h de route de Gyantsé.



6 janvier 2010 : Gyantsé – Lhassa

La route vers Lhassa est toujours aussi magnifique, les paysages grandioses et diversifiés. Nous passons un premier col à 4.300 mètres, puis la route poursuit son ascension jusqu’au col de Karo-La, à 5.000 mètres, d’où nous avons une vue imprenable sur un superbe glacier, et le Norzing Kansar, montagne qui culmine à quelque 7.200 mètres.

Nous redescendons ensuite vers Nagartsé, où nous déjeunons, puis poursuivons la route le long du magnifique lac de Yamdrok-Tso (le lac Turquoise), aux eaux d’un bleu cristallin. Nous grimpons enfin jusqu’au col de Kamba-La, à 4.800 m d’altitude, qui offre une magnifique vue sur le lac.

Puis la route redescend en lacets jusqu’à la vallée de Lhassa, où nous arrivons en début de soirée. Parcourir la capitale tibétaine en voiture, après avoir vu de si beaux paysages, est quelque peu décevant, puisqu’elle semble être au premier abord une quelconque grande ville chinoise, avec peut-être plus de grands bâtiments officiels qu’ailleurs…

Oui mais voilà, quand la voiture passe devant le palais du Potala, et quand nous arrivons à notre hôtel, situé juste à côté du Jokhang Palace, et que nous sommes entourés de pèlerins qui circulent autour du monument, je me dis que décidemment, la culture tibétaine est d’une rare richesse, et qu’aucune puissance ne pourra jamais détruire.

Notre hôtel est du même acabit que les précédents, mais il est idéalement situé, vraiment à 2 pas du Jokhang Palace. Cependant, ma chambre confortable ne donne pas sur le flot de pèlerins qui marchent jour et nuit en se prosternant.

Une fois mes affaires posées, je sors et vais me mêler seul à ce flux incessant, quelque peu hypnotisé, j’erre autour de Barkhor Market, qui est le quartier commerçant situé autour du Jokhang, et que traversent les tibétains lors de leur pèlerinage autour du monument. Là, au milieu de la foule, la ferveur populaire est au plus intense, des hommes et des femmes de tous âges marchent, en chantonnant, faisant tourner leurs moulins à prières. D’autres tournent autour de l’édifice en se prosternant de tout leur long, se relevant, faisant un pas, et reproduisant les mêmes gestes, jusqu’à faire 3 tours complets du Jokhang.

Devant le palais, ce sont les mêmes postures, cette fois-ci sur place, qui sont effectuées par d’autres fidèles, sous les yeux attentifs de militaires armés jusqu’aux dents, postés sur les toits, ou autour de l’immense esplanade (encore une inspiration Tien An Men) qui fait face au Jokhang.

Je rentre à l’hôtel, un peu grisé, et retrouve le groupe pour aller dîner. Après un repas sympathique, je vais me coucher, car demain notre programme prévoit la visite de 2 monastères situés dans les environs de Lhassa.

1 commentaire:

  1. Sublime ! Merci pour tous ces billets détaillés, on se régale :D bisous Flo

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