Au fait...

Après 413 jours d'errance sur le globe, nous voici de retour à la maison, dans notre bonne vieille France, et la ville la plus belle du monde !

Où sommes-nous ?


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jeudi 13 mai 2010

Du 74ème jour au 80ème jour

Bonjour à tous !

Nous revoici !
Nos possibilités de nous connecter à Internet étant quasiment nulles ces derniers temps, nous n'avons pas pu mettre à jour le blog.

En effet, nous venons terminer notre tour de l'Australie en camping car, plus de 15.000 km qui nous ont menés de Sydney à Brisbane. Bon, c'est très résumé, et notre incroyable périple vous sera conté dans un prochain article (patience !).

Dans l'immédiat, chaque chose en son temps, voilà la suite de notre voyage en Chine, l'ancienne capitale Xi'an, avec de superbes photos !

A bientôt,

Houda et Guillaume


11 février 2010 : Chengdu - Xi'an


Aujourd'hui, nous terminons nos préparatifs, quittons avec difficultés la confortable guesthouse, puis nous nous rendons à la gare de Chengdu, chargés comme des mulets avec nos sacs et les souvenirs que nous avons achetés.


Nous devons prendre à 12h30 un train qui doit arriver demain matin à 5h30 à Xi'an, la capitale du Shaanxi, une province chinoise voisine du Sichuan, soit environ 17h de voyage pour faire 850 km, c'est sûr, ce n'est pas le TGV !!!


Nous avons réservé nos places dans un compartiment à 4 couchettes, et nous nous retrouvons avec un jeune couple, très discret.


Le voyage se passe sans encombre, et le soir venu, après un rapide et frugal dîner fait de nouilles lyophilisées, nous nous endormons sur nos couchettes.



12 février 2010 : Xi'an


Nous arrivons vers 5h du matin à Xi'an, pas très frais après la nuit dans le train. En fait, nous sommes épuisés, et seul le froid glacial de la nuit nous tient à peu près éveillés.


Nous avons repéré dans nos guides l'adresse d'une auberge de jeunesse, assez proche de la gare, la Qixian Hostelling International (Qixian voulant dire 7 sages). Elle nous a également été recommandée par un jeune français croisé à l'auberge de Chengdu.


Nous y allons donc à pied, et après avoir tourné un peu dans la nuit, nous échouons devant la porte close de la guesthouse, fatigués. Nous réveillons la réceptionniste, prenons une chambre double à 130 yuans, et une fois les formalités remplies, nous sautons sur le lit pour goûter à un repos bien mérité.


Nous nous réveillons vers 14h, et décidons de nous rendre à pied vers le quartier hui, cette ethnie musulmane chinoise, pour y savourer les fameux raviolis à la vapeur, spécialités d'ici. Le quartier hui est très typique, rempli de restaurants, de boutiques d'artisans, de stands de souvenirs et de snacks posés sur des tréteaux au milieu de la rue principale, et de petits commerces, aux façades en bois se penchant sur les rues piétonnes.



Nous descendons la rue principale du quartier, nous imprégnant de l'atmosphère bon enfant qui se dégage ici, puis nous entrons dans un restaurant de raviolis. Nous commandons, pour une bouchée de pain, 30 raviolis à la vapeur, et là, nous nous délectons de ces petits bijoux faits sur place, bien entendu. Fondants à souhait, frais, goûteux, comment manger dans un restaurant chinois en France après ça (sauf une petite adresse que je peux vous conseiller à Argenteuil) ?

Après notre excellent petit repas, nous décidons d'aller voir la grande mosquée, et puisque nous sommes vendredi, le jour de la prière des femmes, ça tombe bien, Houda pourra y entrer. Nous remontons à pied jusqu'à la place du Tambour, où se dresse la tour du même nom, et où des enfants jouent avec leurs cerfs-volants, puis nous replongeons dans les ruelles du quartier musulman, pour arriver devant la fabuleuse mosquée.

Celle-ci est exceptionnelle à bien des égards. Déjà, érigée en 742, c'est l'une des plus vieilles mosquées de Chine, et probablement la plus importante par son rayonnement spirituel. Lorsque nous y pénétrons (Houda gratuitement, et moi pour 15 yuans), nous sommes étonnés de voir le style architectural chinois côtoyant aussi bien les sculptures et décorations de style musulman.







Le tout est parfaitement bien réhabilité, et les paisibles jardins, parcourus de chemins en pierre et entourés de murs d'enceinte joliment décorés, confèrent au site une atmosphère intimiste. En plein milieu des jardins, se trouve une petite pagode, derrière laquelle se dresse, majestueuse, la salle de prières aux tuiles vertes.

Seule Houda peut y entrer pour prier, et elle y contemple avec étonnement la charpente et les murs en bois sculptés, là encore un remarquable mélange sino-musulman, ainsi que les magnifiques tapis bleus sur lesquels les fidèles prient en s'agenouillant.



Nous ressortons, en passant devant la massive porte à trois ouvertures, faite de bois et de tuiles chinoises, puis nous nous dirigeons vers les petits commerces à destination des touristes qui sont savamment disposés à proximité de la mosquée.





Le temps d'acheter quelques articles âprement négociés (Houda n'a pas d'équivalent pour faire baisser le prix d'une robe en soie de 850 yuans à 100 yuans !!!), et la nuit, glaciale, s'est abattue sur la ville. Nous rentrons donc à l'auberge dans le froid, y dînerons assez sommairement, puis nous endormirons, regrettant déjà notre hébergement de Chengdu.


13 février 2010 : Xi'an


Le lendemain, je me réveille un peu patraque, je n'ai pas très bien dormi, et attrapé froid dans la grande chambre mal isolée.


Nous partons quand même en début d'après midi vers le centre ville, pour aller poster vers la France nos colis de cadeaux et objets qui ne nous sont plus utiles, de manière à nous alléger un maximum. Nous en avions bien besoin, c'est 22 kilos que nous renvoyons au pays !!!


Nous nous dirigeons ensuite vers la Tour de la Cloche, située au milieu de l'immense place sur laquelle donne la China Post d'où nous sortons à l'instant. La neige, qui nous accompagne depuis ce matin, se fait un peu plus drue, et ce sont maintenant de gros flocons qui tombent sur la ville.



Après être sortis du passage souterrain qui mène au pied de la Tour, nous commençons l'ascension des escaliers du massif édifice datant du XIVème siècle, et offrant peu d'intérêt, hormis la vue centrale sur la circulation et les quartiers alentours, ainsi que la belle charpente en bois peint. Une réplique de la cloche originale (qui était auparavant utilisée pour annoncer l'heure), sert maintenant d'attrape touristes, qui doivent payer (au nombre de coups !) pour pouvoir la faire sonner avec un bélier.



Nous jetons un rapide coup d'œil à l'exposition de peintures, sculptures et carillons anciens, puis redescendons par le passage souterrain qui nous emmène vers l'autre tour, jumelle, celle du Tambour. L'architecture est à peu de chose près, la même que pour la Tour de la Cloche, mais ici, une impressionnante collection de tambours est disposée en périphérie du premier étage.










Une exposition, assez intéressante, présente quelques meubles anciens, des tambours et différentes sortes de percussions en tous genres.

Nous admirons la vue imprenable sur le quartier hui, qui s'étale au pied de la Tour, puis nous redescendons en direction de notre hôtel.



Mon état commençant à nous inquiéter un peu, nous demandons à l'hôtel de changer de chambre, afin d'en avoir une mieux isolée, avec la salle de bains privative (dans notre précédente chambre, nous partagions la salle de bains avec la chambre voisine, pas terrible lorsqu'on a la crève...).


Atterrir dans la nouvelle chambre, plus confortable, est un soulagement, et après une bonne douche chaude, qui me requinque un peu, nous partons dans la salle commune où ce soir, à l'occasion du Nouvel An, nous avons droit à apprendre à faire des raviolis, sous les conseils du cuisinier.

Houda me laisse seul à m'essayer à l'exercice, ce que je fais avec un peu de difficultés. Le résultat n'est cependant pas si décevant, et j'apprécie d'autant plus mes petits raviolis que c'est moi qui les ai confectionnés.


Nous passons le reste de la soirée à discuter, trinquer et jouer aux cartes avec un sympathique couple d'anglais, puis nous décidons de braver le froid et la neige pour aller voir de plus près les pétards qui retentissent de plus en plus, partout dans la ville, et découvrir comment les chinois accueillent leur nouvelle année.


Nous ne sommes pas déçus, et voyons une ville complètement changée, avec une atmosphère de guerre urbaine. La fumée des pétards et des feux d'artifice envahit les rues, pourtant quasiment vides, mais de toutes parts, les immeubles s'illuminent et le vacarme incessant des explosions retentit à chaque coin de rue.


La tradition veut que la prospérité du chinois est proportionnelle au nombre de pétards, de feux d'artifice ou d'autres objets à base de poudre (c'est quand même eux qui l'ont inventée !) qu'il aura fait exploser le soir du nouvel an.


Résultat, les chinois fêtent la nouvelle année (du Tigre) de la manière la plus étrange et la plus bruyante qui soit : ils posent et allument devant la porte de leur maison des cartons entiers de fusées, les enfants lancent dans la rue des pétards, et toute la ville semble s'embraser !


Nous avançons vers le centre de la ville, et partout, des débris rouges jonchent le sol, de joyeux chinois sortent de leurs coffres de voiture des cartons, et les feux d'artifice éclairent le ciel.

Nous nous arrêtons à minuit sur la place de la Cloche, et pouvons assister au feu d'artifice de la ville. Rien à voir avec les nôtres, celui-ci dure une bonne demie-heure, et est d'une beauté inégalée.

Un peu abrutis par le bruit des pétarades, nous rentrons ensuite vers l'hôtel, après un long détour dans les rues de Xi'an, sous la neige qui ne freine pas les habitants à vouloir faire sauter leur ville...


14 février 2010 : Xi'an


Aujourd'hui, c'est la fête des amoureux, mais également le jour de la nouvelle année chinoise du Tigre. Bonne fête à tous les amoureux, et donc, Xi Nien Kwai La ! (Bonne année en chinois).


Mon état ne s'est guère amélioré, et notre balade nocturne sous la neige et le vacarme assourdissant d'hier n'a rien arrangé. Nous partons néanmoins en fin de matinée en direction de la gare, afin d'acheter nos billets de train pour Pékin, où nous voulons partir le 18.


Arrivés aux guichets, nous avons la désagréable surprise de comprendre que les trains sont tous complets jusqu'au 25 ! Bien sûr, nous demandons à un autre guichet (les informations n'étant pas toujours fiables en Chine, et aléatoires à la tête du client, allez savoir pourquoi, il convient ici de les vérifier 2 fois !), qui nous confirme que comme c'est la période de fête, les trains sont pris d'assaut. Effectivement, quand un milliard de chinois décident d'aller voir leurs familles pendant une des 2 seules semaines de congés annuels, ça crée un certain engorgement des moyens de circulation.


De retour à la guesthouse, nous nous rabattons sur l'avion, et là, miracle, nous trouvons des places pour le 18, à des prix raisonnables, que nous nous empressons de payer sur internet.


Puis nous prenons la direction du quartier hui, afin de visiter une maison typique ancienne, joliment restaurée.


Il s'agit de l'ancienne résidence de Gao Yuesong, un mandarin surdoué de l'époque Ming, arrivé deuxième aux examens impériaux à l'âge de 12 ans, si vous voulez savoir. Elle est en fait composée d'un ensemble de maisonnettes et de cours, s'étendant sur 2500 m2, et comportant 85 pièces. Elle nous permet de bien comprendre le fonctionnement de la société chinoise de l'époque, avec la maison centrale, où se trouvent les appartements du maître des lieux, et les maisons « satellites », destinées aux hôtes de passage, aux concubines, aux serviteurs et à la famille.





Nous y apprécions l'architecture, faite de briques grises, et les panneaux sculptés en bois, mais également les meubles en bois de rose, et les décorations faites de papier découpé.


Avant de ressortir, nous goûtons à plusieurs thés délicieux, dans l'ancienne école reconvertie en salon de thé.


Nous entamons ensuite une longue marche vers l'ouest de la ville, traversons les remparts, puis nous rendons dans le tranquille temple taoïste des 8 Immortels. Ici, au milieu de hautes tours d'habitation, les vieilles pierres du complexe semblent anachroniques.





Les habitants viennent ici prier et apporter des offrandes, dans le calme et la sérénité qui contraste complètement avec le bruit des pétards qui explosent encore à l'extérieur.


Nous visitons la première salle, puis tandis que je m'avance plus loin, Houda fait connaissance avec un jeune chinois, qui lui explique le fonctionnement des offrandes taoïstes, et semble content de nous voir nous intéresser à un aussi petit temple. Il nous présente ensuite ses parents, qui, voyant Houda assise, et un peu fatiguée de notre précédente marche, iront acheter des fruits pour nous les offrir généreusement, et m'invite ensuite à poser des bâtons d'encens, ce qui, en ce jour de nouvelle année, me permet de réaliser 3 vœux.

Nous quittons à contrecœur la gentille famille, et comme je commence à me sentir vraiment fébrile, nous prenons un taxi qui parcourt la longue distance qui nous sépare de l'hôtel.


15 février 2010 : Xi'an


Le lendemain, le 15, bien fiévreux, et malgré les bons soins procurés par Houda pendant la nuit, je me vois contraint de rester au chaud. Et c'est vraiment un jour sans, puisque le personnel de l'auberge nous informe que nous devons quitter la chambre, l'hôtel étant pris d'assaut en cette période de fêtes.


C'est donc Houda qui part seule dans les rues de Xi'an, à la recherche d'un nouvel hébergement, tandis que je reste dans la salle commune, comatant près du chauffage, et veillant d'un œil distrait sur nos bagages.


La tâche d'Houda est ardue, et la courageuse traverse dans le froid la ville, afin de chercher un nouvel hôtel. Tous ceux répertoriés dans nos guides étant complets, elle se rabat sur ceux conseillés par les auberges de jeunesse qu'elle a tentées, sans plus de succès. Alors qu'elle revient sur ses pas, elle croise par hasard sur le trottoir un couple d'anglais, qui sort d'un petit hôtel de type chinois un peu classe. En discutant avec eux, elle tente le coup, et bien lui en prend, puisqu'elle a la surprise de tomber sur des chambres d'une propreté et d'un confort bien supérieur à l'auberge où nous sommes restés les 3 premières nuits pour un prix moindre. En plus, l'hôtel est mieux situé, à 2 pas de la Tour de la Cloche, que demander de plus ?


Le temps de négocier la chambre, elle revient chercher le grand malade, et nous partons en taxi jusqu'à notre nouveau logis. Pour ma part, un peu réticent au début, les hôtels chinois étant de qualité inconstante, je trouve une chambre agréable, et j'apprécie la douche chaude bien relaxante, et le matelas confortable, sur lequel je me repose toute la journée.


16 février 2010 : Xi'an


Aujourd'hui, malgré le froid et mon état encore un peu fiévreux, nous décidons de grimper sur les remparts qui entourent la ville. Ceux-ci, en briques grises, figurent parmi les mieux conservés de Chine ; ils ont été construits au XIVème siècle, puis renforcés sous les dynasties suivantes. Leur taille impose le respect : 12 mètres de haut, 14 mètres de large, pour une longueur de 14 km !













Nous louons chacun un vélo, et réalisons le tour complet, afin de profiter des différents points de vue sur la ville et des décorations en papier coloré célébrant le Nouvel An. Le tour nous prend environ 2 heures, et nous pouvons apprécier Xi'an différemment, vue d'en haut, sans la circulation automobile.



Nous remarquons notamment l'effort réalisé par la ville afin de recréer à proximité des remparts des habitations dans le style architectural traditionnel. Alors que nous voyons des quartiers entiers reconstruits, d'autres en cours de démolition, nous nous posons des questions sans réponse : que sont devenus les gens qui habitaient ici ? Ont-ils été correctement relogés ? Nous ne sommes pas trop dupes, et dans ce pays où l'intérêt économique (ici l'attrait touristique de l'image « à l'ancienne » que veut se donner la ville) prime devant les libertés, nous ne nous faisons pas trop d'illusion, ce qui se confirme lorsque nous apercevons quelques chinois « camper » dans les gravats issus des démolitions...


Nous redescendons, assez fatigués, puis après une petite balade dans un quartier typique au pied des remparts Sud, rempli de petits stands proposant des objets en faux jade et d'autres articles plutôt destinés aux touristes, nous partons dîner dans une proche auberge de jeunesse, où j'en profite pour essayer de me soigner avec un rhum.



Avant de rentrer à l'hôtel, nous repassons devant l'entrée Sud des remparts, où de nombreux chinois allument des lanternes légères destinées à s'envoler dans le ciel de Xi'an. Nous ne nous privons pas d'acheter la nôtre, allumons la bougie que nous plaçons au centre d'un globe de papier léger, qui se gonfle à la manière d'une montgolfière, avant de se perdre dans la nuit étoilée, parmi des centaines d'autres... magique !





17 février 2010 : Xi'an


Nous avons décidé de garder pour notre dernier jour dans la capitale du Shaanxi la visite de ce qui fait sa renommée : la fameuse armée des soldats de terre cuite.


Nous partons donc de l'hôtel dans la matinée et prenons un bus municipal, qui nous emmène jusqu'à la gare routière de Xi'an. De là, nous sautons dans un des nombreux bus qui partent en direction de Lintong, à une quarantaine de kilomètres de la ville.


Nous arrivons enfin devant l'entrée du site et là, nous prenons mesure de la taille de l'un des plus grands sites touristiques du monde, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO : l'entrée, pharaonique, s'étend sur plusieurs centaines de mètres, d'où partent de larges chemins qui mènent aux zones à visiter, et le parking doit loger plusieurs dizaines de milliers de véhicules !


En cette période de fêtes chinoises, de nombreuses familles sont venues ici et ont envahi le site pour le visiter. Nous entrons somme toute assez rapidement, et nous parcourons le chemin à travers le mini village rempli de boutiques pour touristes, Houda écartant avec tact les guides qui nous sollicitent pour une visite («No speak english, french ? », simple mais efficace !).


Nous arrivons devant les hangars qui abritent les soldats, et décidons de suivre les conseils de nos guides, commencer par le moins intéressant pour finir par le plus spectaculaire.


Nous nous rendons donc vers la fosse n°3, la plus petite, et la plus récemment découverte. Nous en apprenons un peu plus sur l'histoire de Chine, et sur l'érection de l'armée des soldats de terre cuite.


Lorsqu'en 230 avant JC le roi du royaume Qin commence à attaquer les royaumes voisins, il entame une série d'annexions qui aboutiront à l'avènement du premier empire de Chine unifiée (Qin se prononçant « Tchin », voici l'origine du nom du pays). Le premier empereur, donc, qui se proclame Qin Shi Huangdi, devient quelque peu mégalomane, mais lance de véritables réformes à travers tout le pays, qui consolident la société auparavant en proie à des guerres incessantes.


Plus qu'obsédé par la mort, l'empereur veut un tombeau à la hauteur de sa peur, et lance sa construction alors qu'il n'a que 13 ans, lorsqu'il accède au trône. On sait aujourd'hui où il se trouve, à même pas 2 kilomètres de l'armée enterrée, sous un tumulus d'une cinquantaine de mètres. Bien qu'inviolée, on en sait beaucoup sur la tombe par les écrits d'un historien contemporain de l'empereur, qui décrit avec précision une voûte illuminée par des perles et des pierres précieuses, une immense mer de mercure, sur laquelle flotterait le tombeau, agitée par des courants artificiels générés par une ingénieuse machinerie, ainsi qu'un système anti intrusion d'arbalètes automatiques. La construction aurait employé 500.000 ouvriers pendant 36 ans, garantissant aujourd'hui encore l'invulnérabilité de la plus fabuleuse sépulture de tous les temps (les analyses réalisées sur le site révèlent une concentration de mercure 100 fois supérieure à la moyenne, normal que les historiens hésitent à s'y risquer...).


Bref, c'est dire la mégalomanie du souverain, qui en prime, souhaita protéger son tombeau par une armée enterrée, de 6.000 hommes, voire plus. Car il en reste encore beaucoup à découvrir sur l'armée de terre cuite, dont les premières pièces ont été mises à jour en 1974, et elle est encore aujourd'hui l'objet de l'un des plus grands chantiers archéologiques du monde.


Dans l'immédiat, nous pénétrons, maintenant intimidés par la taille et l'histoire du site, dans le hangar abritant semble-t-il le commandement de l'armée. Malheureusement, nous sommes un peu déçus, puisque nous ne voyons que quelques soldats, la plupart très détériorés, mais aussi plusieurs chevaux sculptés se tenant à proximité d'une écurie.


La visite rapide nous donne néanmoins l'eau à la bouche, nous avons fait connaissance, du haut de la passerelle qui tourne en périphérie du hangar, avec les figurines à taille humaine, et souhaitons en voir plus, vérifier l'extraordinaire qu'on vante si souvent sur le site.


Nous sortons pour rejoindre la fosse n°2, située dans un hangar beaucoup plus vaste, mais où nous restons encore sur notre faim : sur les 1.500 soldats qui y étaient disposés, représentant l'aile gauche de l'armée, nous ne pouvons en apercevoir que quelques uns, parfois très abîmés, couchés ou étêtés. En revanche, la charpente en bois, maintenant fossilisée, permet d'appréhender l'architecture mise en place à l'origine afin d'assurer la protection des figurines.



Nous partons ensuite en direction du hangar n°3, le plus célèbre, le plus grand, le plus attendu, où sommeillent depuis plus de 22 siècles les combattants de l'aile droite de l'armée impériale. Nous entrons, marchons sur la passerelle, nous frayant un chemin à travers les nombreux visiteurs agglutinés là, et, quand notre regard se porte sur la fosse, en contrebas, là, nous comprenons.


Sous nos yeux se dressent un millier de soldats, parfaitement alignés, souvent en rang de 4, la plupart en excellent état. Tout a été conçu pour rendre cette armée la plus humaine possible. Chaque figurine est unique. Les traits du visage, la chevelure, la taille, la corpulence diffèrent d'un soldat à l'autre.


Bien sûr, c'est une armée destinée à protéger l'empereur, alors les tenues sont de guerre, les regards déterminés sont tournés vers l'Est et les royaumes à conquérir.


Nous faisons le tour de l'immense hangar, sur la passerelle périphérique, ébahis par l'alignement et la précision apportée à tous les figurants de l'armée, fantassins debout qui forment le gros du corps militaire, mais aussi éclaireurs, chars, chevaux, archers, arbalétiers...

Quand on pense que chaque soldat est composé de parties moulées et cuites séparément, puis les visages et les chignons sont affinés à la terre cuite, et enfin l'armure est recouverte d'une polychromie qui est aujourd'hui en grande partie effacée, alors nous comprenons le chantier gigantesque que la création de l'armée des soldats de terre cuite a dû représenter, et les nombreux corps de métier qui ont été mobilisés dans les dizaines de milliers d'ouvriers nécessaires à l'ouvrage.





Après avoir fait le tour de la fosse, parmi les nombreux touristes s'extasiant et jouant des coudes pour se photographier devant les soldats, nous ressortons, un peu abrutis par le brouhaha régnant dans l'immense hangar.


Nous finissons notre visite par le bâtiment des chars, où trônent 2 maquettes en bronze à l'échelle ½, déterrées en 1980 et copies conformes d'un char d'inspection de la famille royale, et d'un char de combat. Si le 2ème est remarquablement bien restauré, et présente un char léger, avec un soldat le pilotant sous un parasol, le 1er est d'une finesse et d'une précision hors pair. Fait de 3.400 pièces assemblées, ornées d'or et d'argent, tiré par 4 chevaux à l'allure superbement rendue, il est également piloté par un soldat, derrière lequel se plaçait l'empereur. Et dire que cet ouvrage a plus de 2.000 années, et que sa perfection permet d'en apprendre tant sur les techniques de l'époque !!!

Nous sortons enfin au grand air, cette dernière partie présentant les chars étant souterraine, mais parfaitement mise en valeur par l'éclairage, puis nous redescendons le long du chemin qui mène à la sortie, j'achète un paquet de cigarettes « Terracota Army », du vrai foin, nous prenons un thé prohibitif, et sautons dans un car en partance pour la gare routière de Xi'an. Nous y arrivons à la nuit tombée, un peu fatigués (juste assez pour que Houda perde son téléphone portable dans le car, ce dont elle se rendra compte plus tard, dépitée), puis nous rentrons à l'hôtel, où nous bouclons nos sacs avant d'aller dîner une dernière fois dans une auberge de jeunesse à Xi'an.

1 commentaire:

  1. superbe les enfants !
    on se régale !
    Sympa le clin d'oeil à l'autre bout du monde.

    La famille HU

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