Au fait...

Après 413 jours d'errance sur le globe, nous voici de retour à la maison, dans notre bonne vieille France, et la ville la plus belle du monde !

Où sommes-nous ?


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jeudi 31 décembre 2009

Du 19ème au 25ème jour...

Bonne année et bonne santé à tous !!!

Je sais que je n'ai pas mis à jour mon blog depuis longtemps, trek oblige... Et comme demain matin je pars pour le Tibet, je n'ai pas résisté à la tentation de vous raconter la première partie du trek. La voici donc, et la suite au prochain numéro...

Le 20 décembre 2009 : Katmandou - Lukla - Phakding

Ca y est, mon trek a commencé !

Le 20 décembre, Harka, le monsieur de l'agence Trinetra, vient me chercher à l'hôtel à 5h du matin, car je dois prendre un avion pour Lukla à 6h30. Bon nous sommes très en avance, mais les maoïstes ont prévu une grève générale pour aujourd'hui, impliquant la fermeture de l'ensemble des commerces et le blocage des voies d'accès...
Je me réveille donc à 4h30, un peu sévère le saut du lit !
Je fais également la connaissance de Dilé, qui sera mon guide pendant les 11 jours de trek.

Nous partons en taxi pour l'aéroport, d'où le vol partira finalement à 7h30... Nepali time, comme me dira Dilé !

L'avion est un Dornier 228, à 2 hélices, et comportant 2 rangées d'une dizaine de sièges. Un vrai coucou, quoi. Le vol dure 45 minutes, pendant lesquelles nous passons au dessus de montagnes, et voyons apparaître petit à petit l'impressionnante chaîne de l'Himalaya...



Entre l'attente à l'aéroport et l'attente dans l'avion, nous atterrissons à 9h30 à Lukla, située à 2800 mètres d'altitude, et point de départ des treks vers le domaine de l'Everest. L'aéroport est assez atypique, avec sa piste d'atterrissage en pente !

Nous avalons un petit déjeuner dans un lodge à Lukla, puis commençons notre marche. Un lodge, c'est un petit hôtel offrant le minimum syndical de confort : chambre individuelle ou double, ne comportant... qu'un lit ! Pas de chauffage, pas de salle de bains ni de toilette, qui sont communes lorsqu'elles existent. C'est le type d'hébergement quasi exclusif des treks, et on en trouve réguilèrement sur le chemin, dans les villages traversés.



La marche est assez aisée jusqu'à ma première étape, Phakding, situé à 2.700 mètres, que nous atteignons au bout de 2h30. Je découvre les paysages grandioses de la vallée de l'Everest, ainsi que les villages typiques de montagne, où les gens vivent sereinement du tourisme ou de l'agriculture. Nous croisons des porteurs, des yaks, des vaches et des ânes qui acheminent les provisions vers les différents villages.





A Phakding, nous prenons notre déjeuner dans un lodge, et je fais connaissance avec ma chambre. Elle est très froide car mal isolée, mais avec mon sac de couchage et 2 couvertures, ça devrait aller.


Pendant le repas, je joue avec le photogénique Umar, le fils de la patronne, que je surnomme Aigle, car il l'a lu sur ma veste et n'arrête pas de le répéter.


Je suis fatigué de m'être levé très tôt, et je vais faire une petite sieste. Quand je reviens, vers 17h, je commande un repas que je mangerai avant d'aller me coucher tôt, car demain est une rude journée.

Le 21 décembre 2009 : Phakding (2.700 m) - Namche Bazar (3.400 m)

Après une rapide toilette (à l'eau froide !) et un petit déjeuner, nous partons de Phakding à 7h30, pour arriver après 7h de marche et une pause d'environ une heure pour déjeuner à Namche Bazar. Cette journée est vraiment harassante, interminable, mais le décor dans lequel nous avançons est splendide. Se succèdent traversées de forêts de pins, ascensions d'escaliers de pierres posées (dont les marches inégales sont un calvaire !), franchissements de ponts suspendus.

Autour de nous, trônent les montagnes majestueuses. Mais pour Dilé et les habitants du coin, ce ne sont "que des rochers", seuls les sommets de plus de 6.000 mètres pouvant prétendre à l'appellation "montagnes"...

Nous pouvons néanmoins apercevoir quelques montagnes, dont l'évocation du nom fait frémir les alpinistes amateurs : Kusum Kanguru (6.370 m), Thanserku (6.618 m), Kyashar (6.770 m), Kang Tenga (6.783 m)...

Sur le chemin, nous nous arrêtons pour boire un black tea, le thé noir indispensable qui donne l'énergie et désaltère. Je rencontre un jeune français, Thomas, ainsi que son guide Nima Sherpa. Ils restent manger au lodge où nous nous sommes arrêtés, et nous continuons notre route.

Au détour du chemin, le grandiose Everest et son cousin le Lhotsé s'offrent à notre vue, pour la première fois du trek. Nous nous arrêtons pour les regarder, je suis scotché. Néanmoins, ils ne paraissent pas si impressionnants, vus comme ça. Difficile de s'imaginer qu'il culminent à 8.510 mètres et 8.848 mètres !

Enfin, nous arrivons en vue de Namche Bazar... Je suis éreinté, d'autant plus que Dilé ne me dit pas vraiment où se trouve notre point de chute (on arrive, on arrive !). Le lodge qu'il a choisi se trouve en haut du village, et la dernière montée me met de mauvais poil.

Mais bon, au moins il est confortable, et tenu par un ami de Dilé, ce qui me permettra d'avoir de bons prix. Après un bon repas, je vais profiter du soleil devant la guesthouse, et je vois bientôt arriver Thomas et Dilé, qui ont choisi le même lodge pour la nuit. Nous ferons donc tous les quatre plus ample connaissance, et ferons un bout de chemin ensemble (eux vont d'abord au camp de base de l'Everest avant de monter au Gokyo Ri).

Le soir, je mange avec Thomas, il est très sympa et a 21 ans. Nous discutons beaucoup. Puis Dilé et Nima me payent un verre d'Everest whisky, assez imbuvable, d'autant plus que les népalais le coupent à l'eau chaude ! Je ne fais pas long feu, et vais m'endormir à 21h, exténué. Heureusement, demain c'est la journée d'acclimatation à Namche Bazar.

Le 22 décembre 2009 : journée d'acclimatation à Namche Bazar (3.400 mètres)

Cette journée permet de s'habituer en douceur à l'altitude, mais pas question de ne rien faire ! Nous laissons nos sacs à l'hôtel, et partons tous les 4 dans les hauteurs de Namche Bazar : Syangboche, et sa piste d'atterrissage quasiment pas utilisée à la demande des habitants pour préserver les lodges situés plus bas, ainsi que Khunde et son hôpital, créé par Sir Edmund Hillary (le premier à avoir gravi l'Everest, un véritable Dieu pour les habitants de la région).

Puis nous escaladons une colline et dépassons les 4.000 mètres d'altitude pour la première fois. L'ambiance est joyeuse, Nima est un joyeux drille, et nous fait bien rigoler. Tout en haut, nous avons une vue splendide sur l'Ama Dablam, la plus belle montagne du monde, selon les népalais. C'est vrai qu'elle en jette, du haut de ses 6.814 mètres. En plus, il paraît qu'elle est particulièrement technique pour les alpinistes qu'y s'y risquent.

Nous retournons à Namche Bazar, en passant par l'Everest View Hotel, le seul hôtel de luxe de la région, très classe, et s'adressant majoritairement à de fortunés touristes japonais. Mais il est quasiment tout le temps vide (peut-être que le principe de confort n'est pas trop adapté au trek ?), et nous prenons tous les 4 seuls face à l'Everest un thé à 75 Rs, le thé le plus cher de la région de l'Everest, s'écrie Nima.

De retour à notre bon vieux lodge, je prends une douche chaude, une des 2 de mon trek, dans l'atypique coin douche de l'hôtel...

Le soir, je dîne encore avec Thomas, et nous concluons la soirée par une partie endiablée de bataille corse, avant d'aller nous coucher.

Le 23 décembre 2009 : Namche Bazar (3.400 m) - Dole (4.040 m)

Encore une sacrée journée qui nous attend. Mais malgré l'important dénivelé, la journée se passe plutôt bien. Nous quittons Thomas et Nima (qui parle anglais et japonais couramment), qui partent en direction du camp de base de l'Everest. Une rude ascension les attend, mais Thomas est assez costaud.

Je commence à ressentir un peu les effets de l'altitude : manque d'appétit, difficultés à respirer, mais pas encore de maux de tête.

Sur le chemin, nous doublons une néo zélandaise de 45 ans, bouddhiste, un peu illuminée, qui marche toute seule. Nous la retrouverons le soir au lodge de Dole, avec un couple sympathique de jeunes mariés. Lui est anglais, elle irlandaise, et ils vivent tous les deux à Perth, en Australie. Tous les 3 me donneront de précieux conseils pour mes prochains voyages dans ces pays. Nous faisons également connaissance de courageux campeurs australiens, au nombre honorable de 15 ! Courageux, car la nuit, la température doit descendre à -10°.

Le 24 décembre 2009 : Dole (4.040 m) - Machhermo (4.450 m).

C'est une petite étape (comme toutes celles au delà de 4.000 m), mais elle est très éprouvante pour mon organisme. Là, je ressens vraiment le mal d'altitude, les maux de tête étant le plus gênant.

Les paysages deviennent plus arides, plus durs, plus grandioses aussi...

Nous faisons la route à 2 avec Dilé, et nous rejoignons bientôt le couple irlando-anglais et leur guide, qui nous conseilleront un sympathique lodge à Machhermo. Le soir, je n'ai pas faim, j'ai très mal au crâne, et je suis très fatigué, ce qui provoque l'inquiétude de Dilé (en cas de mal d'altitude confirmé, une seule solution, descendre, et vite !). Je vais me coucher à 19h30, vraiment mal, dans le froid de ma chambre.

Le 25 décembre 2009 : Machhermo (4.450 m) - Gokyo (4.750 m)

Joyeux Noël ! Aujourd'hui, je me réveille frais et dispos, sans mal de tête ! Nous partons joyeusement en compagnie du jeune couple, et faisons route tranquillement sur des plateaux plutôt désertiques.

Nous arrivons aux 3 lacs de Gokyo, et entourés d'amoncellements de pierres, posées là par des pèlerins qui se rendent à la montagne sacrée de Gokyo Ri. Les lacs, gelés, sont impressionnants de beauté ; la dilatation de la glace émet des sons effrayants, comme des coups sourds de tambour. Nous nous amusons à glisser sur la glace, mais je ne suis pas trop rassuré.

J'arrive donc à Gokyo assez frais, et la guesthouse dans laquelle nous dormons est située juste en face du 3ème lac de Gokyo. Le soir de Noël est un soir comme les autres, et je suis un peu en retrait des discussions entre trekkeurs anglo-saxons. Je fais la connaissance d'une espèce d'ours sibérien, venant de Krasnoïarsk, et en vadrouille dans l'Himalaya depuis 2 mois. Il doit mesurer 2 mètres, et est la caricature du russe bourru. Mais il est très gentil.

Houda me manque énormément, je n'ai plus de réseau de téléphone depuis Namche Bazar, et je pars donc à la recherche d'un téléphone dans le village. Pour 750 Rs, j'utilise le téléphone satellite d'un lodge voisin pour parler 3 minutes avec ma chérie. Ca me fait du bien.

Après un simple repas, je pars me coucher tôt, car le lendemain, c'est le clou du trek : l'ascension du Gokyo Ri.

Le 26 décembre 2009 : Gokyo Ri (5.357 m) - Dole (4.040 m)

Je n'ai quasiment pas dormi de la nuit (certainement le mal d'altitude), et je me réveille donc pas très frais, à 5h du matin. Avec Dilé, nous entamons l'ascension du Gokyo Ri, dans le froid et la nuit, éclairés de nos lampes.

La montée est relativement courte (moins de 2h), mais très éprouvante. J'arrive en haut, le soleil est déjà levé, et 2 étaux m'enserrent la poitrine et la tête. Les pauses se sont faites de plus en plus longues, et de plus en plus rapprochées. Chaque pas m'a coûté un gros effort, et je respire difficilement.

Mais quand j'atteins le sommet, à moitié titubant, le spectacle est magistral. Une vue époustouflante s'offre à nos regards : l'Everest bien sûr, du haut de ses 8.848 m, posé tel un vaisseau pyramidal, domine tout alentour. A sa droite, le Lhotsé, qui avec 8.501 m, est le 4ème plus haut sommet du monde. Puis un peu plus à droite, le Lhotsé Shar (8.386 m), et complètement à gauche, nous avons une vue superbe sur le terrible Cho Oyu (8.153 m). Et puis nous apercevons juste un bout du sommet du Makalu (8.470 m).

Là, c'est moi, avec l'Everest à gauche... Je cache le Lhotsé, mais pas de panique, vous le verrez sur la prochaine photo !

Là, c'est moi devant le Cho Oyu...

Et puis il y a les plus de 7.000 m : Gyachungkhang (7.952 m), à droite du Cho Oyu, le Pumo Ri (7.165 m), et le Nupsté (7.864 m). Les sommets de plus de 6.000 m sont légion, mais ils semblent tellement écrasés par les géants...

Nous restons un bon moment, saisi par la majesté des sommets. Puis il est l'heure de descendre. Ma tête me lance, c'est horrible. Descendu à Gokyo, je ne vais toujours pas mieux. Au lodge, je prends 2 cachets d'aspirine, et fais une sieste d'une heure, mais le mal est toujours là.

Nous décidons avec Dilé de descendre jusqu'à Dole. Une longue marche, mais elle me permettra de perdre mon mal de crâne, comme par magie. Nous repassons par les endroits que nous avons croisés en montant, et dormons dans le même lodge qu'à l'aller.

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